Quand je t’écris, c’est parfois comme si je m’écrivais à moi-même.
Je continue à gamberger. Mon Dieu, Trace, je ne sais pas ce que tu as fait. Je suis incapable de l’imaginer. Pour te dire la vérité, ça m’effraye. Mais j’arrive quand même à me cramponner à certains trucs – par exemple, je pense que tu es quelqu’un de bien. Même si je sais que tu as dit beaucoup de mensonges dans tous ces mois de correspondance, tu ne peux pas te dossimuler complètement, et je pense, en lisant entre les lignes, que tu es quelqu’un de bien.
Lettres de l’intérieur, c’est l’ennui d’une adolescente, Mandy, qui répond à une annonce dans un magazine, pour correspondre avec Tracey. Les deux jeunes filles se ressemblent. Leurs vies aussi. Sans doute, si elles avaient été dans le même lycée, elles ne seraient jamais devenues amies. Mais en se racontant leur quotidien, leurs soucis et leurs joies, leurs familles et leurs amis, un lien s’établit doucement entre elles, une amitié d’un genre spécial se construit. Jamais elles ne se sont vues en photo ou en réel toutes les deux. Pourtant, leur affection devient de plus en plus grande, au fur et à mesure des lettres.
Mais tout se gâte quand Mandy veut envoyer sa lettre à Tracey par un de ses amis qui passe au lycée de sa correspondante. La lettre lui revient. Car Tracey n’est pas inscrite à ce lycée et ne l’a jamais été. Le tournant de l’histoire se révèle surprenant, inimaginable. Tracey n’est pas celle qu’elle croyait. Pourtant, certains passages de ses lettres sont vrais et faux, il faut savoir deviner lesquels. Et son secret n’est pas de ceux qu’on apprécie de savoir…
Récit de la relation entre deux jeunes filles, portrait du quotidien et des sentiments, de comment changer, progresser et devenir quelqu’un de bien, des secrets et des amitiés, de la volonté de continuer à vivre jusqu’à ce que tout s’arrête – Letters from the Inside est tout cela à la fois. Par touches successives, les personnages se révèlent, l’histoire aussi. Comme pour plusieurs de ses livres, John Marsden nous laisse libre d’imaginer l’erreur de Tracey, libre d’imaginer la fin grâce aux éléments et indices qu’il nous transmet. Parfois il suffit de lire entre les lignes…comme le font les deux héroïnes…pour savoir qui sont réellement les gens, et ce dont ils sont capables.
29 octobre
Chère Trace,
Je te remercie d’avoir répondu à tant de questions. Je crois être naturellement indiscrète. Tant pis s’il y a des trucs dont tu ne veux pas me parler. Ca te regarde.
Mais je te l’avoue, j’ai terriblement peur parfois. Et si je dis ce qu’il ne faut pas dire ? Et si j’allais tout gâcher ? Ce qui m’effraye le plus, je vais te le dire : c’est toutes tes insinuations, si obscures. […] Ca me fait peur. Tu as dû commettre une chose vraiment terrible. Pas une fois tu n’as laissé entendre que tu n’avais pas fait cette chose, quelle qu’elle soit. […] Où j’en suis dans tout ça ? Déboussolée, dans le bleu. Continuant à penser que tu es une amie, quelqu’un en qui j’ai confiance (même si tu en as fait des kilos pour l’entamer cette confiance), quelqu’un qui est, je sais pas trop, fondamentalement bien.
Mais peut-être que non. Peut-être que mon instinct me trompe. Je sais que je ne dois pas me laisser aller à croire ça, sinon le monde s’écroule et je n’ai rien à quoi me racrocher. Il faut que je continue à croire en toi ou je ne peux plus croire en moi-même. Je ne comprends pas trop ça, mais c’est la vérité.