Je serais plus brève sur ces oeuvres-ci, que je les ai aimées ou non. Proust est bien entendu un très grand nom, et j’avais la curiosité de le découvrir depuis qu’on en avait parlé en cours de littérature contemporaine.
Ceci dit, j’avais un avertissement : soit on se laisse envoûter dès la première lecture, soit on s’ennuie à mourir et on n’apprécie que la deuxième fois. Je suis ravie de voir que la première solution ait été la bonne ! Pas de mots bien précis à dire, pas de personnage préféré, juste une impression, et une excellente. Impossible de me détacher de Proust pendant cette lecture, de cette évocation si longue de différents souvenirs, semblables aux monologues de la pensée, à une musique de mémoire ! Les pages passaient toutes seules, qu’importaient les phrases à trente-six virgules. Je n’ai sans doute jamais lu un roman où la fuite du temps, son écoulement, était aussi bien raconté et de manière aussi prenante. Rien n’en est ressorti particulièrement, mais demeure la magie et la nostalgie de l’ambiance que Proust a si bien écrit !
Belle du Seigneur. Ah, par où commencer ? Ce fut un de mes cadeaux d’anniversaire, et je ne regrette pas la lecture de ce pavé de 1100 pages assez légendaire (classé dans les 50 premiers romans du XXe siècle, après tout). Mais je regrette sûrement de ne pas y avoir pris autant de plaisir que je le pensais.
Ce roman décrit l’histoire d’amour entre Ariane et Solal, depuis son commencement jusqu’à sa fin (aisément prévisible), quelques années avant la Seconde Guerre Mondiale. Jusque-là, ça pourrait aller, si l’héroïne n’avait pas le malheur de porter un nom aussi ridicule (à mes yeux) avec un caractère d’ingénue complètement consternant, et si le héros ne cassait pas tout avec ses théories Don Juanesques qui piétinent l’amour tragique.
Ce n’est pas que je n’ai pas apprécié cette lecture ; je me retrouvais à ne pas vouloir m’arrêter à certains moments de l’histoire. Mais les personnages, malgré leur charisme, malgré la connaissance qu’on a d’eux, me sont restés profondément indifférents – et m’ont particulièrement agacée. Ariane en tête, avec ses monologues interminables dans la baignoire entre autres, et Solal ensuite, remarquable caractère pourtant, mais qui se comporte comme un sadique tout en sachant qu’il le fait à contre-coeur. Le style de l’auteur n’est pas non plus étranger à l’affaire, je pense : j’ai supporté les longues phrases de Proust et j’adore l’ironie, mais je n’ai guère accroché à la longueur des mots de Cohen ni à son humour, qui joue aussi dans le fait qu’on ne peut pas aimer les personnages totalement. Trop de dérision, monsieur, tue l’attachement qu’on porte aux protagonistes…Ca ne m’a pas empêché d’apprécier la brillante satire qu’il a fait de la société de l’époque. Mais ensuite ? Pff, rien, je n’ai pas détesté, mais je n’ai pas aimé non plus. En fait, c’est difficile à savoir, si j’ai aimé ou non, je crois. -_-‘ La fin ne m’a fait aucun effet, pour tout dire…Difficile de me prononcer dessus. De plus, bien que j’apprécie les personnages tragiques, je dois dire que je déteste (ou trouve trop poussée) la théorie de Solal selon laquelle les héroïnes vertueuses ne sont attirées par les antihéros/héros sombres que parce que ce sont des sadiques qui font donc cesser leur ennui. Et que ces mêmes personnages sont salauds envers lesdites héroïnes pour que celles-ci ne s’ennuient pas, alors qu’ils les voudraient comme une sainte ou une déesse intouchable et qu’ils se retrouvent obligés à les faire souffrir pour qu’elles restent avec eux, au lieu d’être des Bisounours qui prennent soin d’elles et les aiment vraiment. Je ne suis pas claire dans ce que j’explique ?-_-‘ Bon, désolée, tout ça pour dire que je trouve ce genre de théorie aberrante, trop poussée, et puis ça casse tout, je trouve ça mais d’un cynisme ! Bref, lecture un peu ineffable, en somme, et un peu longue, aussi. (Ne me parlez plus jamais de leurs monologues intérieurs, j’essaye depuis un mois de chasser ceux d’Ariane qui ne veulent pas sortir de ma tête.)
Un de mes autres cadeaux d’anniversaire ! ❤ Celui de Flo ! Entamé après Belle du Seigneur, justement. Ca a fait du bien à mon esprit, je peux vous le dire.^^
Le Rouge et le Noir est donc l’apogée et la chute de Julien Sorel, durant la tumulteuse année de 1830 : séminariste raté, précepteur raté, amant raté….ah, tout de suite, ça se voit aussi que je ne le porte pas dans mon coeur, celui-là.
Eh non, pardon monsieur Stendhal, pardon monsieur Sorel, pardon Mathilde et Madame de Rênal, de ne pas vous avoir non plus apprécié autant que je l’aurais voulu. Le style de Stendhal n’était pas trop accrocheur : à force de décrire trop précisément les sentiments et états d’âme des personnages, peut-être qu’on perd tout plaisir à essayer d’imaginer ce qui resterait caché, on devient trop distant de l’oeuvre….et on perd ce qui pourrait apporter grâce et compassion au trop ambitieux Julien, beau portrait pourtant, mais complètement dénué d’attachement aux yeux de la lectrice que je suis. Quant à Mathilde et Madame de Rênal, je les trouve quelque peu pathétiques, quand même. Bon, demeure quand même que l’auteur a une plume singulière pour tracer l’âme intérieure d’un personnage, j’admets, pour entrelacer les évènements fictifs avec l’Histoire, et pour faire tenir le lecteur en attente malgré tout.