Partage de Midi – Mise en scène Antoine Vitez (1976)

Partage de Midi - Paul Claudel

Ysé, jeune femme coquette et habile à mener les hommes, accompagne De Ciz, son mari, jeune provençal parti faire fortune en Chine. Sur le paquebot qui les y emmène, ils font la connaissance de Mesa, homme jeune à la vocation contrariée, et d’Amalric, homme solide et accompli, profiteur matérialiste et grand usurpateur.

Interprètes de la troupe de la Comédie-Française : Ludmila Mikaël (Ysé), Michel Aumont (Amalric), Patrice Kerbrat (Mesa), Jérôme Deschamps (De Ciz)

J’ai fait un effort quelque peu suprême et surhumain en regardant une nouvelle fois la pièce de théâtre de Paul Claudel, Partage de Midi, adapté par Antoine de Vitez pour la Comédie Française. Pourquoi cet effort, alors que cette pièce fait partie de mes textes cultes ? Le revisionnage change les choses, parfois, je l’ai découvert avec Carmen. J’ai donc constaté que l’Acte I passait beaucoup mieux. Que l’Acte II était toujours aussi coupé (il n’en a été enregistré que quelques minutes). Et que l’Acte III était toujours aussi déplorable, pour ne pas dire humiliant envers le texte si magnifique et empreint de force de Claudel. J’ai même craqué, je n’ai pas attendu la fin, j’ai zappé les dernières minutes.

Sans aucun doute, je n’ai pas accroché, parce que la mise en scène est datée, et cela se ressent, au niveau du décor, des costumes, le retour de cet accent snob qu’affectaient certains acteurs (si vous ignorez de quoi je veux parler, souvenez-vous de la voix d’Arletty dans ses films, vous comprendrez.) Pourtant, je n’ai pas accroché non plus au téléfilm moderne passé il y a plusieurs mois (avec d’ailleurs la fille de Ludmila Mikaël dans le rôle d’Ysé, Marina Hands). Mettons cela de pris. Mise en scène datée et on ne peut plus statique. Ensuite, je crois qu’un autre élément majeur qui joue, c’est que cette version ne doit être que la première ou seconde édition de Partage de Midi, ce qui fait pâtir, forcément, la beauté du texte de la version finale, qu’on trouve dans les livres. Certains passages manquent, ou sont écrits différemment, et j’aime pas, parce que c’est pas la version que j’ai lue, et forcément c’est moins beau et moins puissant, point. C’est une honte de défigurer le Cantique de Mesa, notamment, mais je comprends que dans les années 70, on n’ait pas forcément voulu toucher à cette version finale de la pièce si autobiographique de Claudel.

Ensuite, nous avons les acteurs, dont je n’aime pas le jeu. Je passe sur De Ciz, qui est après tout un peu la cinquième roue du carrosse (pardon, M. Claudel). Je n’aimais pas du tout Amalric la première fois, c’est mieux passé la deuxième, il incarne plutôt bien cet homme cynique et opportuniste, distant et froid. C’est peut-être, au final, celui qui est le plus à l’aise dans son rôle. Mais parlons de ce qui nous intéresse le plus : le couple de Mesa et Ysé. Rien à faire, les deux acteurs ne me reviennent pas. Mesa fait trop efféminé, Ysé fait trop borderline, à hésiter entre le côté folle (ah tiens, elle a un côté hystérique, j’avais pas remarqué dans le texte –‘) et salvatrice, et coquette. En fait, elle ne convaint guère, je trouve. Mesa est plus convaincant, quoiqu’il n’est pas encore dans cette parfaite incarnation de son personnage, tel que je l’imagine. Certes, il reste frollien, déterminé, passionné, las, désolé ; mais ça ne passe pas, pas pour moi. J’idéalise tellement cette pièce…que peut-être, au final, je ne serai convaincue par aucune adaptation théâtrale. Mais ça reste intéressant de la voir mise en scène, au moins une fois, même si c’est mal fait (—>). Mais ce que je ne supporte pas non plus, c’est ces comédiens qui changent de ton, qui deviennent hystériques ou exagérés sans véritable justification, ce que font sans cesse Mesa et Ysé. Et ne parlons pas de l’acte final, ça me fait trop mal au coeur quand j’y repense. –‘ Entre l’Ysé hystérique, le Mesa qui reste statique dans son cantique avant d’imiter le Christ crucifié, de manière si ridicule…

Je ne sais pas. On ne ressent pas tout ce que Claudel a voulu faire passer dans sa pièce, dans ses mots. Il y a beaucoup de choses qui auraient pu être mises tellement mieux en relief, je pense, tout simplement. Trop de significations partent, au profit d’autres. J’admets que la pièce en elle-même est difficile, comme tous les textes de cet auteur, mais cette représentation ne fait pas vraiment sens de manière très claire. Dommage…

Petit extrait de l’Acte I, qui correspond, je crois, à mon passage préféré, même si encore une fois, je n’aime pas tellement le jeu, ni la mise en scène.


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