Bonnie & Clyde : Dead and Alive | 2013

« Clyde ? »
« I’ve always loved you, Bonnie. »

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On voit de plus en plus de remakes, de nouvelles adaptations ou de dérivés de films, séries déjà existants en ce moment. Les producteurs doivent, à chaque fois, avoir une angoisse derrière lors de la sortie : est-ce un pari risqué, est-ce que cela va finir en ratage total ? C’est encore plus le cas lorsqu’il s’agit de sujets qui ont déjà passé le cap du mythique par le passé. Comme Bonnie & Clyde. Faire une nouvelle adaptation est un pari risqué, tant le film d’Arthur Penn est dans la culture (et conscience) collective, tout aussi romancé soit-il. Et pourtant…

Ce téléfilm en deux parties dure environ trois heures, et en trois heures, on a forcément le temps de davantage approfondir l’histoire des deux plus célèbres criminels de la Grande Dépression. De voir comment ils ont évolué, comment ils se sont rencontrés, qui ils étaient au tout début. On voit Bonnie et Clyde se rencontrer avant qu’ils ne soient criminels, les différents membres de leur gang se joindre à eux au fil du temps, on voit leurs hold-ups et leurs fuites incessantes, leurs visites à leur famille. On observe aussi ce qui se passe de l’autre côté du miroir, par le biais d’une journaliste relatant leurs crimes, et par la police qui essaye de les arrêter. Ce qui contribue à donner d’eux une vision plus nuancée, voire plus distante qu’avec le film d’Arthur Penn.

Je dois admettre que j’étais sceptique au départ, et même assez réticente pendant un moment. Je ne sais pas d’où vient ce parti pris, mais le réalisateur a voulu en quelque sort affubler Clyde de sortes de visions prémonitoires, qui lui permettent ainsi de voir divers événements/personnes de sa vie : la mort de son frère, la rencontre avec Bonnie, les brûlures de celle-ci dans un accident de voiture, ou encore ses propres blessures. Et surtout, la mort finale du couple. D’où la séquence d’ouverture qui débute directement sur les dernières secondes de Bonnie et Clyde, juste avant qu’ils ne se fassent fusiller dans leur voiture. Et puis, il est difficile d’accepter de redonner un autre visage à ces personnages après le film mythique, ou même par rapport aux véritables photos existantes du couple. Mais au bout d’un moment, on finit par rentrer dans l’action, et s’habituer. Cela tient sans nul doute aux jeux des acteurs (tous très bons, là où je ne supportais parfois pas certains instants de jeu dans le film de Penn), aux décors et costumes soigneusement reconstitués, aux moments de vie présentés du couple, depuis avant leur rencontre, jusqu’à leur mort. Globalement, l’histoire reste la même, mais nul doute que ce téléfilm s’approche plus de la véritable histoire du couple que le film, sans pour autant être tout à fait fidèle.

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Ainsi, Bonnie et Clyde se rencontrent au mariage de la première avec un autre homme (!) avant qu’elle ne soit serveuse – quand dans la réalité, ils se rencontrent par la meilleure amie de Bonnie, qui l’héberge alors qu’elle travaille en temps que serveuse, séparée mais non divorcée de son premier mari. On assiste au moment où Clyde passe des mois en prison – deux ans en réalité – et on comprend qu’il n’est pas soi-disant un gay refoulé comme il le paraît dans le film de Penn, mais que comme tout prisonnier masculin dans certains endroits pénitenciers, il passe en victime d’un autre prisonnier, qu’il blessera. Bonnie apparaît sous un jour plus vaniteux qui reflète sans doute une part de réalité : bien que totalement dévouée à Clyde, c’est elle qui rêve de gloire et qui insiste pour qu’ils continuent leur vie de hors-la-loi, là où Clyde, d’un tempérament plus tranquille, ne continue que pour elle et parce qu’au bout d’un moment, il ne reste que la fuite aux jeunes gens. On comprend mieux leur vie de fuyards : jusqu’au jour où l’un de leurs alliés tue quelqu’un – par accident – ils étaient considérés comme des voleurs sympathiques, mais qu’à partir de cet événement, ils étaient irrémédiablement condamnés. Et se retrouvent pris dans une spirale infernale.

La journaliste dont on suit les rédactions est presque notre vision de spectateur : elle se prend de sympathie pour eux, avant de devoir bel et bien admettre qu’ils sont des criminels, seulement plus jeunes et plus passionnés que d’autre. Chose sur laquelle le policier qui les traque sans relâche, a fait une prédiction, en rencontrant Clyde lorsqu’il est en prison, au tout début, et qu’il lui conseille de rester sur le droit chemin, lui qui semble quelqu’un de bien. Mais c’est sans compter Bonnie et son désir de grandeur, et puis le cercle vicieux du crime. Un autre fait, plus expliqué que dans le film, apparaît : les visions récurrentes que le couple fait à leurs familles, qui se retrouvent par conséquent unies, sans pour autant pouvoir faire autre chose qu’assister à ces visites secrètes, sans jamais prendre parti. A priori, dans la réalité, ces visites étaient aussi souvent que possible et demeuraient le seul moment – outre l’amour éprouvé entre Bonnie et Clyde – où le couple pouvait se ressourcer. Ils n’avaient plus rien à part cela et leur famille, et une vie de fugitifs sans cesse sur le qui-vive. Ces comparaisons entre réalité et fiction, je ne les écris que par rapport à la lecture récente que j’ai faite pour enfin savoir l’histoire du couple, La véritable histoire de Bonnie et Clyde racontée par la mère de Bonnie et la sœur de Clyde. Bien sûr, on peut supposer que les liens familiaux troublent la subjectivité des deux conteuses, mais ce récit demeure en tout cas plus clair et plus humain, plus dense aussi, que ce que les adaptations cinématographiques et visuelles en ont fait. De même que ce téléfilm aide davantage à comprendre les enjeux et implications des activités de ce couple, à l’époque.

Pour revenir au téléfilm, malgré tous les a priori du début, nul doute qu’il intéresse, bien qu’il semble parfois un peu long. Il est en tout cas plus documenté, plus approfondi et plus proche de la réalité que le film de Penn, sans pour autant atteindre le même éclat mythique. Mais cette façon de revoir l’histoire de Bonnie et Clyde est vraiment intéressante et fait moins de raccourcis rapides, et puis, mène à creuser encore le sujet derrière. De ce côté-ci, c’est sans doute un hommage aux deux criminels mythiques, ni plus, ni moins innocents que d’autre, amoureux tout de même, et conscients de ce qu’ils faisaient, dans quoi ils s’aventuraient. Et ceci, ce côté sanglant qu’ils ont avec eux, est peut-être davantage imprégné dans ce téléfilm qui ne présente pas que leur côté romantique et romanesque. A voir pour tous ceux qui aimeraient en savoir plus que le film de 1967, et découvrir un peu plus de la réalité derrière le mythe, qui reste tout de même historique – et par conséquent, humain, certes, mais aussi simplement criminel.

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