Alien : Isolation est sorti en 2014, donnant lieu à une adaptation fidèle de la série de films Alien, et particulièrement du premier opus. Jeu d’action et d’aventure à la première personne, il frôle aussi le genre du survival-horror. Dans cette aventure, Amanda Ripley, la fille d’Ellen Ripley, souhaite toujours résoudre le mystère entourant la disparition de sa mère, quinze ans plus tôt. La Compagnie lui permet alors de se rendre avec un équipage sur la station Sevastopol. Celle-ci accueille en effet un vaisseau nommé Anesidora, qui a retrouvé la boîte noire du Nostromo, le vaisseau d’Ellen Ripley. Séparée de son équipage lors du trajet, Amanda doit entrer seule dans la station quasi-déserte et abandonnée, dévastée par des querelles civiles et par la présence d’un tueur à bord : l’Alien…
Alien : Isolation se démarque par sa fidélité au premier film de la série. Les décors des vaisseaux, les corridors de Sevastopol, les outils rétro-futuristes, rappellent sans cesse l’esthétique du Nostromo, tout en gris, en lumières crues, avec des gadgets parfois incongrus témoignant de la vie sur la station. Particules de poussière dans l’air, jeux de lumière métalliques, ombres menaçantes et parfois inquiétantes, sans compter les étroits conduits où il faut se faufiler, objets futuristes qui pourtant appartiennent bien à une ancienne vision du futur : l’atmosphère d’Alien est magnifiquement rendue. Sevastopol, l’Anesidora ou même les rares séquences en extérieur se révèlent dépaysantes, prouvant que l’histoire se passe bien ailleurs que sur Terre, et dans un futur sombre, industriel. Les graphismes sont très beaux, qu’ils concernent les décors, l’espace qu’on voit parfois à travers une baie vitrée, les détails de l’Alien ou les personnages lors des cinématiques. La musique elle-même contribue à rendre réaliste et immersive cette ambiance, souvent nerveuse, et les bruitages métalliques ne sont pas en reste. Ce sont d’ailleurs eux qui maintiennent souvent la tension, puisque des bruits de pas, d’objets tombant par terre, ou de passages dans les conduits préviennent de la présence de l’Alien.
Parlons-en, de l’Alien : dans ce jeu, il s’agit d’une créature bien redoutable, dont l’AI est remarquable et imprévisible. Il existe la possibilité d’activer la caméra et le micro de la PS4 pour que les bruits réels ou les mouvements que l’on fait soient entendus et vus par les ennemis du jeu, ce qui doit le rendre encore plus stressant, et que je n’ai pas testé. L’Alien se fie aux sons et mouvements, à la lumière de lampe, pour débusquer et trouver Amanda. Courir mène à la mort, tout comme d’user d’armes trop bruyantes contre les humains et androïdes qui parsèment également la station. Il n’y a quasiment aucun endroit du jeu où l’on peut se targuer d’être en sécurité : l’Alien trouvera Amanda partout, y compris dans les conduits de ventilation, et même dans des placards où l’on peut se cacher, si on a le malheur de ne pas retenir sa respiration au bon moment. Inutile également d’espérer duper l’Alien en restant caché longtemps : l’AI du monstre est intelligente et ne répète jamais ses schémas de route, ou presque. A force de jouer, de mourir et de recommencer, on finit par trouver certaines habitudes de la créature, des précautions coutumières, mais mieux vaut ne pas s’y fier trop longtemps. Bien des fois, je me suis laissée avoir et l’Alien a fini par tuer Amanda, surgissant d’un autre couloir ou par-derrière. D’ailleurs, il s’agit de l’une des caractéristiques du jeu : die & retry, ne serait-ce que pour savoir où l’on doit avancer, les points de sauvegarde étant manuels via une borne d’urgence dans le jeu… et parfois diablement éloignés, ce qui est frustrant.
L’Alien n’est d’ailleurs pas le seul ennemi dans la station : Amanda a aussi affaire avec des androïdes Lambda glaçants, déréglés, qui voudront la tuer tout en disant des paroles aimables, et des humains cherchant à survivre dans la station, parfois inoffensifs, parfois agressifs. Pour s’en débarrasser, plusieurs armes ou diversions sont à disposition, du revolver aux bombes, en passant par le pistolet à clous et le lance-flamme (seul outil permettant de faire fuir l’Alien, temporairement). Toutes les armes ne sont pas adaptées à toutes les situations. Ou bien il suffit de faire un peu de bruit et de laisser l’Alien s’occuper des humains. On parle après tout bien ici de survie dans une immense station, où le chemin à suivre n’est pas toujours clair (comme les cartes) et où on doit souvent trouver une carte magnétique pour déverrouiller une pièce, activer ou désactiver la sécurité, etc. Tout en jouant sans cesse à cache-cache avec l’Alien, ce qui est parfois amusant, mais aussi diablement stressant. Le détecteur de mouvements est le meilleur allié pour vérifier où est l’Alien, sans être parfait : il n’indique pas si la créature est au-dessus ou en-dessous de nous, et n’offre un écran clair que devant Amanda, pas en arrière ou sur les côtés.
D’ailleurs, Alien : Isolation fait bien plus appel au survival qu’à l’horror. Les moments les plus angoissants du jeu sont pour moi au nombre de deux : au début, quand on explore une Sevastopol déserte et qu’on craint d’ores et déjà la venue d’un Alien qui n’apparaîtra pourtant pas tout de suite (la peur de l’inconnu). Et ensuite, vers le milieu du jeu, quand on tombe dans une zone du vaisseau colonisée par le nid et les œufs de l’Alien, glauque, aux décors organiques et suintants, avec des Facehuggers qui peuvent vous bondir au visage pour vous tuer (la peur de l’horreur viscérale). Outre cela, le jeu est stressant ; mais pas terrifiant, ni véritablement effrayant. Certes, on aura des jumpscares quand l’Alien tuera Amanda par surprise ou apparaîtra de là où on ne l’attendait pas. Et certes, il est d’autant plus horrible à regarder que sa présence est comme une ombre pesante, planante, menaçante mais souvent invisible, comme dans le premier film. On ne le repère que par ses bruits de déplacement ou s’il laisse de la bave tomber au sol, depuis un conduit du plafond. Mais il s’agit justement d’une forme de peur à laquelle je n’ai pas été sensible, vite remplacée par l’agacement de se faire tuer trop de fois à force du jeu de cache-cache avec l’Alien, ou de devoir attendre plusieurs minutes qu’il parte d’une zone précise.
D’autre part, le jeu se révèle assez irritant par moments, avec des bugs obligeant à recommencer des chapitres entiers, ou parce qu’il est parfois difficile de comprendre où aller entre les niveaux du vaisseau. Et se faire tuer sans cesse pendant cette recherche rend le tout un peu exaspérant. Le scénario est correct, sans être non plus trop captivant, et aucun personnage, même Amanda, n’est suffisamment développé pour être attachant. Les mouvements maladroits des lèvres des personnages ne convainquent pas, le doublage échouant à faire passer de vraies émotions. On se retrouve souvent à surtout chercher l’objet qui ouvre l’accès à la prochaine zone, en oubliant un peu l’histoire globale et en priant de ne pas tomber sur un mini-jeu incompréhensible de déverrouillage. Et la fin en elle-même est trop succincte et peu explicite (à peine quelques secondes) pour réellement satisfaire le joueur, après 19 chapitres de fuite acharnée.
Cela n’empêche toutefois pas Alien : Isolation d’être un bon jeu, accessible même en niveau intermédiaire : le niveau Cauchemar doit être d’une autre trempe… Son atmosphère, ses graphismes, ses décors, sont magnifiques, et l’Alien est sans doute un des ennemis les plus redoutables tous jeux vidéos confondus, impossible à tuer, impossible à fuir trop longtemps. Le jeu comporte également plusieurs séquences superbes mettant en scène le monstre, où on se dit qu’Amanda ne se sortira jamais de ce cauchemar, comme sa mère. Et on compte même un flash-back ramenant au nid de l’Alien, aperçu dans le premier film. Alors, même si par plusieurs points, Alien : Isolation est assez frustrant, il est tout de même plaisant, et surtout un bel hommage au film Alien : Le huitième passager.
Tu retranscris très bien l’atmosphère du jeu, y compris pour ceux qui n’y ont pas joué, ou à peine. Malgré ses défauts, il a l’air bien. Mais ce n’est pas pour moi.
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Merci beaucoup ! Oui, même s’il a des défauts, il en vaut le détour et son atmosphère est vraiment sympa.
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J’espère voir d’autres jeux de ce calibre pour cette franchise. Le mythe Alien pourrait être plus intéressant à travers le jeu vidéo maintenant que Ridley Scott a flingué la saga avec Prometheus et Covenant.
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Même si le jeu a ses défauts, il est plutôt bon. Et il a vraiment un côté hommage et respectueux des premiers films, et un côté immersif intéressant. Sans doute un des meilleurs moyens d’instaurer de la peur d’ailleurs, et loin, effectivement, de Prometheus et Covenant qui pourraient n’avoir rien à voir avec l’univers Alien.
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Outre le fait que les jeux d’horreur ne m’intéressent pas forcément pour le moment (pas envie de faire une crise cardiaque devant mon écran !), tu confirmes que ce jeu n’est pas pour moi même si j’aime beaucoup Alien (le premier surtout). Je suis trop novice et impatiente pour accepter de mourir dix mille fois en avançant à pas de fourmi ! En tout cas, c’était chouette de découvrir l’ambiance du jeu à travers ton article !
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Je suis une grande fana des jeux d’horreur, mais je saisis bien pourquoi certains préfèrent ne pas trop s’y frotter ! Et puis pour commencer, ce n’est pas forcément le plus agréable ! Je garde de très bons souvenirs d’Alien, franchement, niveau respect de l’univers et de l’ambiance, c’était quelque chose !
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