Et voici la présentation des films vus ce mois-ci pour le Watching Challenge ! Je vous invite également à voir le compte-rendu de F. de l’O. sur son propre blog pour découvrir quatre autres films dans le cadre de ce défi. N’hésitez pas à également participer, ne serait-ce que dans les commentaires. Sans que ce soit prémédité, on peut dire que les œuvres que j’ai visionnées sont bien tombées pour la période d’Halloween ! Je vous invite donc à croiser le chemin d’un pistolero et de son antagoniste, de reflets malfaisants, d’une jeune femme prise à son propre piège, et de « faux » zombies. Bonne lecture !
La Tour Sombre, Nikolaj Arcel – 2017 | Un film ayant reçu de mauvaises critiques
La Tour Sombre est un point de connexion entre tous les mondes existants. Dans cet univers mélangeant fantasy, western et horreur, le pistolero Roland est à la poursuite de son ennemi juré, l’Homme en noir. Ce dernier cherche à faire écrouler la Tour Sombre, en utilisant les pouvoirs d’un jeune garçon de la Terre, Jake, que Roland prend sous son aile.
La Tour Sombre est l’adaptation d’une saga homonyme en plusieurs volumes de Stephen King, et qui était assez attendue, notamment pour le côté épique du film, et son casting, composé d’Idris Elba et Matthew McConaughey. Pour ma part, j’avais été vraiment emballée par le trailer, et puis Idris Elba est un excellent acteur. Il est difficile de nier les mauvaises critiques ayant retenti sur le film, même sans avoir lu les livres ayant donné naissance à l’adaptation. La Tour Sombre est parfois saisissante par ses images, par le duo interprété par Idris Elba et et Matthew McConaughey, ce dernier prenant visiblement plaisir à jouer le rôle d’un méchant sadique. L’histoire n’est pas dépourvue d’intérêt, et le rythme est bel et bien là, rendant le film relativement fluide. Les scènes de batailles sont plutôt bien filmées, et les acteurs principaux sont convaincants.
Et pourtant, cela ne suffit tout simplement pas. Car le film m’a semblé présenter un énorme raccourci de l’univers de la Tour Sombre, bien que je n’ai jamais lu les livres, et souffre du même effet de manque que l’adaptation d’Un conte d’hiver. La profondeur de l’intrigue, la complexité des personnages, en pâtissent. Roland est un simple héros assoiffé de vengeance, et l’Homme en noir un méchant qui fait le mal parce qu’il est méchant, alors qu’il est tellement similaire à Kilgrave dans Jessica Jones. Les enjeux sont simplistes au possible, les incohérences sont là, tout passe vite d’une scène à l’autre sans avoir le temps de s’attarder pour l’émotion ou l’attachement aux protagonistes. Et c’est extrêmement dommage, car ce qui aurait dû être une histoire peut-être un peu métaphysique, riche et complexe, devient un simple divertissement sans réelle saveur, qui souffre de son manque de mise en place, et dont la résolution ne fait ni chaud ni froid. Certes, le film sert d’introduction à une préquelle en série, mais on connaît si peu les enjeux, on effleure tout juste l’histoire sans éviter les clichés, que cela nous est presque égal. C’est dommage que le film souffre objectivement à ce point de cette condensation, avec des acteurs pourtant investis ; mais tout crie au manque de développement dans ce film.
Mirrors, Alexandre Aja – 2008 | Un film parlant de l’une de vos phobies
Ben Carson est un ancien policier, dont la suspension professionnelle a fait éclater son couple. Pour se ressaisir, il accepte un job de gardien de nuit d’une ancienne galerie commerciale. Il se rend très vite compte que des choses étranges se produisent dans la bâtisse, et que les reflets des miroirs agissent d’eux-mêmes, le mettant en danger, lui et sa famille.
Pour les films parlant des phobies, on avait le choix, avec moi, des peurs d’étranglement/étouffement (je ne remercierai jamais assez Frenzy d’Hitchcock pour cela), la claustrophobie ou la peur des miroirs. Comme j’ai déjà vu The Descent, film mêlant horreur et spéléologie, il fallait se tourner vers la peur des miroirs. Il est d’ailleurs à noter que celle-ci se nomme spectrophobie et se différencie de la peur des reflets, l’eisoptrophobie. La première semble concerner surtout la peur de voir des apparitions surnaturelles apparaître dans un miroir (spectres, autres mondes, voire traverser le miroir vers un ailleurs) et la seconde est plutôt la peur de ce que symbolise un reflet ou ce que le reflet peut faire (peur dont souffre au passage Heather Mason dans Silent Hill 3). Bref, personnellement, je n’ai jamais été très à l’aise devant un miroir, sans doute pour ces deux types de peur, et personne ne me fera jamais dire Bloody Mary trois fois devant une surface réfléchissante !
Mirrors a été heureusement moins effrayant que je ne m’y attendais, peut-être parce que je commence à avoir vu plusieurs films d’horreur et expérimenté quelques jeux dans ce style. Il joue aussi finalement plus sur la terreur représentée que l’angoisse, ce qui n’a pas empêché certaines scènes d’être assez gores ou crispantes. Il est toujours difficile de s’attacher aux personnages de ces films, mais l’idée de base est assez originale et stressante : que les reflets maléfiques se mettent à agir de leur propre gré et à tuer les « originaux » dans le monde réel. Bien entendu, ce ne sont pas des simples reflets tueurs, ceux-ci veulent bel et bien quelque chose de Ben Carson.
La peur des miroirs se retrouve ici assez bien exploitée, et sans spoiler, se retrouve liée à une vaine tentative de guérir la schizophrénie par leur biais. On se rend vite compte au cours du film à quel point les reflets sont partout dans une maison, le réalisateur prenant un malin plaisir à exploiter cette faille d’angoisse. Le reflet est la présence palpable et visible d’un autre monde et d’entités malveillantes, jouant tour à tour sur les idées d’amis imaginaires, de visions du passé ou de spectres, toujours dans un silence assez terrifiant. Mirrors se laisse assez bien regarder, même si on peut déplorer la quasi-inutilité de la plupart des personnages féminins, et que le potentiel du film aurait pu aller encore plus loin. Mais Mirrors est efficace, cohérent dans son scénario, et surtout, la fin est loin des happy end traditionnels du genre. Cela aurait presque pu être un film où le méchant gagne à la fin…
Jessie (Gerald’s Game), Mike Flanagan – 2017 | Un film inspiré d’un livre
Jessie et son mari, Gerald, vont dans une maison à la campagne pour le week-end. En se livrant à des jeux sado-masochistes, ils espèrent pimenter un peu leur vie de couple. Malheureusement, alors que Jessie est encore menottée au lit, son mari meurt d’une crise cardiaque. Jessie va devoir se défaire de ses entraves alors qu’un chien errant et une présence monstrueuse rôdent dans la maison. Mais cela serait peu de choses si elle ne devait pas non plus revenir sur des événements de son passé, expliquant pourquoi sa vie actuelle est un tel enfer.
Sur huit films pour le Watching Challenge, voici le troisième inspiré d’un roman de Stephen King. On essayera de faire plus varié ensuite ! Jessie fait partie de ces livres de l’auteur que j’ai lu, parmi plusieurs autres, dans mon adolescence. Avant et pendant mon visionnage du film, je me suis rendue compte que je me souvenais très précisément de certaines scènes et images du livre, et cela montre à rebours à quel point l’histoire m’avait marquée.
Jessie est une réussite en tant qu’adaptation, et également en tant que film à part entière. Sous forme de huis-clos, on partage pendant une heure quarante la panique et la solitude de Jessie, seule dans sa chambre, menottée au lit, avec pour seules ressources sa tête et sa force physique tout à fait normale. Durant ces longues heures, elle se retrouve à dialoguer avec des apparitions doubles de son mari et d’elle-même, l’obligeant à se confronter à des souvenirs d’enfance traumatisants, ou à trouver l’énergie pour survivre et non pas se laisser mourir. Peut-être que cela aurait mérité un peu plus d’implicite à certains moments, mais ce côté de confrontation à elle-même, et à son mari, se retrouve fascinant et passionnant, poussant l’héroïne hors de ses retranchements et de ses illusions de sécurité. Stephen King avait écrit là beaucoup de psychologie mêlée à un peu d’horreur, et on retrouve cela dans le film. Je ne veux pas faire de spoilers, mais je me contenterai de dire que l’écriture et la mise en scène, bien que sobres, sont diablement efficaces et que cela rend les scènes parfois très dures à regarder, et qu’elles mettent mal à l’aise par les sujets abordés. Les quelques moments d’horreur (rares toutefois) ne sont pas en reste non plus, avec une scène assez sanglante, et une autre qui file vraiment les pétoches. Personnellement, c’est une image du livre que j’ai eu la surprise de voir exactement comme je l’avais imaginée à l’époque, et aussi terrifiante. Elle m’a bien plus crispée que l’entièreté du film Mirrors ! Et je n’aurais diablement pas aimé recroiser cette vision dans ma propre chambre le soir venu…
Par sa résolution finale, Jessie se termine également très bien, en beauté, et dévoile aussi le chemin parcouru par l’héroïne. Je n’ai plus assez de souvenirs pour savoir si Jessie est fidèle de point en point au roman d’origine, mais ce film m’a paru aussi intense, intelligent et dur que l’histoire lors de ma lecture, avec de plus de très bons interprètes, dans ce huis-clos. Gerald’s Game vaut clairement le détour et peut se hisser au rang des meilleures adaptations de Stephen King.
28 jours plus tard, Danny Boyle – 2002 | Un film d’apocalypse
Pour terminer ce mois d’octobre de Watching Challenge – qui a quand même un côté très films horrifiques, c’est la saison – on retrouve 28 jours plus tard de Danny Boyle. Un groupe d’écolos libèrent des singes sur lesquels on expérimente un virus de la fureur. Les animaux attaquent alors les humains, transmettant le virus et transformant tous les hommes en être assoiffés de sang et de violence. 28 jours plus tard, Jim sort du coma où un accident l’a projeté et découvre une Londres déserte et dévastée. Ce n’est qu’avec l’aide de rares survivants qu’il découvre ce qui s’est passé, mais également un monde où l’homme est un loup pour l’homme.
28 jours plus tard a tous les codes du film de zombie, sans pour autant présenter le moindre mort-vivant : ce sont plutôt des personnes contaminées par un virus, ici. On voit avec un sourire certaines images reprises par Walking Dead bien plus tard, comme le réveil du héros dans un hôpital désert après son coma, inconscient de la contamination au moment où elle se déroule. Mais plus simplement, on retrouve ce sur quoi joue nombre de films ou séries d’apocalypse : montrer comment la société qui se reconstruit devient un danger pire encore que les contaminés eux-mêmes. Ici, Jim se trouve rapidement quelques alliés, avant d’affronter un groupe de militaires dirigés par l’ambigu Christopher Eccleston, déterminé à faire passer la survie de ses soldats et de l’humanité, en forçant les femmes à être mères s’il le faut. L’apocalypse est encore une fois le prétexte pour montrer le meilleur et le pire en chacun, l’organisation des survivants en chaos, petit groupe volontaire ou autorité.
Le film en lui-même est une agréable reprise du genre apocalyptique et de la mode des zombies, ceux-ci étant aussi rapides et violents que les humains. On trouve au début plusieurs scènes assez impressionnantes de Londres dévastée, vide de toute présence humaine, ce qui donne un sentiment assez angoissant quand on se rend compte combien il faut peu de temps à une ville frappé par une crise, pour se dépeupler. La caméra, elle, tourne en DV, ce qui instaure à la fois une certaine proximité, mais également une image assez crasse et sombre, ce qui sert bien au film la plupart du temps. Quant aux acteurs, ils sont tous convaincants, Cillian Murphy en tête, notamment à la fin, où la frontière entre homme et contaminé par la violence, se montre extrêmement fine et poreuse. Bien que non contaminé, il fera preuve d’une fureur impressionnante pour essayer de sauver son petit groupe. Et encore une fois, Naomie Harris donne l’impression d’être l’ancêtre de Michonne dans The Walking Dead. Le film a visiblement laissé son empreinte par la suite, et cela, avec sa bonne réalisation et son bon rythme, suffit à le rendre intéressant.
Sans surprise, la Tour Sombre n’est pas terrible, et je doute de me laisser tenter par cette expérience. Je ne sais plus si j’avais vu 28 jours plus tard à l’époque. Ca ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable en tout cas, excepté l’un des thèmes musicaux qui est devenu culte, me semble-t-il. Mais bon, à l’époque, j’étais anti-zombies, et ne connaissais pas TWD, donc pourquoi pas. Pour finir, Mirrors et Jessie m’intriguent vraiment. Je pense que je me laisserai tenter, en espérant que les scènes effrayantes ne me clouent pas autant sur place que toi.
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Je ne pense pas que 28 jours plus tard me restera dans les souvenirs impérissables. Mirrors est le film moyen d’horreur qui ne te fera sans doute pas sursauter. Je pense que tu auras quand même une ou deux secondes de recul devant Jessie, à certains moments (4 au pire, dont un sanglant). Jessie, en tout cas, vaut vraiment le détour et te plaira sûrement.
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C’est noté. Au passage, très chouette le nouveau design. 🙂
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Merci ! 🙂
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