Et voici un nouveau mois du Watching Challenge qui s’achève. Je vous laisse donc lire mes quelques (re)découvertes : un voyage dans l’espace, l’affrontement avec une créature monstrueuse, la création du Pays Imaginaire, et le vide lancinant d’une nuit dans Paris. N’hésitez pas à aller voir les découvertes du mois chez F. de l’O. ou à retrouver les règles du Watching Challenge ici.
Star Wars : Les derniers Jedi, Rian Johnson – 2017 | Un film ne se déroulant pas sur Terre
On fera grâce du résumé de Star Wars VIII. Je n’ai pas eu l’occasion de revoir le film pour me faire un deuxième avis avec davantage de recul (voire la critique plus complète ici) mais il rentre totalement dans la catégorie des films ne se passant pas sur Terre ! L’espace, les différentes planètes, les vaisseaux, Star Wars est sans nul doute dépaysant. Et c’est là aussi un des charmes de cette saga, nous faire rêver en nous projetant dans cette galaxie lointaine, très lointaine. Certes, le film est toujours en 50/50 à mes yeux, avec des bons moments visuels, inventifs, et même assez audacieux dans l’action et le renouvellement scénaristique, le choix de revoir certains personnages d’un autre œil. Mais cela n’exclue pas des maladresses ou des arcs du scénario qui paraissent à première vue assez inutiles, même s’ils peuvent servir le propos de renouveau et le choix de coupure avec le passé, par rapport aux autres films. De toute manière, il s’agit d’un film où on projette beaucoup d’attentes : difficile de ne pas avoir quelques déceptions ou des choses qu’on aurait voulu voir davantage exploitées. Le dernier épisode convaincra peut-être davantage.
The Thing, John Carpenter – 1982 | Un film avec des métamorphoses
The Thing relate la découverte d’une créature extraterrestre métamorphe par un groupe de scientifiques, au fin fond du continent Austral. Au milieu de ce désert glacé, s’engage un conflit au sein de l’équipe, pour savoir de qui cette créature a pris l’apparence, et comment la tuer.
Ce film fait partie à la fois des grands classiques de science-fiction et d’horreur : il évoque évidemment Alien pour son côté « survival », mais également 2001 : l’odyssée de l’espace dès sa première scène, quand un des personnages perd une partie d’échecs face à un ordinateur. J’ai certes vu la version restaurée du film, mais j’ai été agréablement surprise de voir qu’il ne me semblait pas avoir tant vieilli que ça. Bien entendu, les effets spéciaux autour de la « créature » étaient fait main, à l’époque, avec un mélange abominable de mousse de latex, mayonnaise, chewing-gum, et procédés de prise de vues de divers genres. Mais cela rend le monstre du film, et ses métamorphoses, encore plus atroces à voir, et convaincants. « The thing » se change successivement en animal et en homme, copie les humains de l’équipe de recherche américaine, d’où ses métamorphoses dont elle se sert autant comme d’une arme, que comme un moyen de défense pour survivre. J’ai aussi particulièrement apprécié de voir que, comme dans Alien, la créature n’est qu’un prétexte pour montrer la cohésion ou la destruction d’un groupe d’humains dans un milieu isolé dont il est impossible de sortir. Le continent austral est particulièrement remarquable à voir, et a un côté austère et solitaire très pesant. Le film servait aussi de métaphore pour la peur entourant le sida, à l’époque, notamment avec la présence de sang contaminé et les tests sanguins pour déterminer qui est la créature parmi l’équipage. Quant à la fin, elle est marquante par son côté énigmatique, mais aussi par le fait que finalement, la créature, autant que le dernier survivant, sont voués au même destin, la mort, quoiqu’il arrive, et ce après que la méfiance, la paranoïa, aient achevé chaque membre du groupe… La chose a gagné, comme l’ordinateur au début du film.
Neverland, Marc Forster – 2004 | Un biopic
Finding Neverland retrace, de manière assez libre, la vie de James Barrie, au moment où il rencontre la famille des Llewelyn Davies. Alors que son propre mariage sombre, il trouve réconfort auprès de Sylvia Davies et de ses quatre enfants, qui vont lui inspirer la plus célèbre de toutes ses pièces de théâtre : Peter Pan.
J’étais assez curieuse de découvrir ce film biopic (qui verse un peu côté drame aussi) qui relate la création de Peter Pan et une part de la vie de son auteur. Si je pense qu’il est assez classique dans ce qu’il choisit de dire et de montrer – et non pas dans la mise en scène où il se révèle original – il est malgré tout assez intéressant à voir. On y trouve un étrange côté doux-amer, où James Barrie ne fait que fuir ses problèmes de couple ou dans la société pour se réfugier dans l’imaginaire, se confondant bel et bien avec son personnage de Peter Pan. Celui qui aime tant « faire semblant » a bien du mal à faire face aux dures réalités de la vie, et paradoxalement, ce n’est qu’en mettant sur scène un conte pour enfants, qu’il obtient le succès après des pièces descendues par la critique. Et pourtant, il demeure d’une gravité et d’un sérieux assez notables, surtout pour Johnny Depp que je n’avais peut-être jamais vu aussi sobre et juste dans son jeu. Tout le reste du casting est également à la hauteur, et c’est un plaisir de voir deux familles d’écrivains se croiser (Sylvia Llewelyn Davies est la tante de Daphne du Maurier). Voir la création de Peter Pan, avec les effets du théâtre de l’époque, la méfiance des gens envers cette pièce au tout début, m’a également bien plu. Le film offre un mélange de réalisme et de fantaisie, en offrant des scènes de rêve où Barrie imagine, à partir d’anecdotes réelles, son chef-d’oeuvre. Bien sûr, on voit aussi sa profonde amitié envers les Davies, et l’affection qu’il porte aux quatre garçons de la famille, au point qu’il en devient le tuteur après la mort de Sylvia. Si l’ensemble du film est beau, digne de la compétition aux Oscars avec son mélange de biopic, drame et émotion, je regrette un peu qu’il n’ait pas plus de profondeur, que ce soit en ce qui concerne la vie de James Barrie, le travail de création littéraire, ou les conséquences de l’existence de cette pièce pour les enfants Llewelyn Davies, dont les destins ont été ensuite bien malheureux.
Nocturama, Bertrand Bonnello – 2016 | Un film où un personnage cache son visage
Sans doute le seul film qui ne m’a pas vraiment plu pour ce mois-ci du Watching Challenge. Il relate les préparatifs d’une bande de jeunes gens, d’origine et de milieux différents, à des attentats dans divers lieux de Paris. Ils se retrouvent ensuite dans un grand magasin, isolés du reste de la ville, pour toute la nuit.
Tourné l’été 2015, Nocturama est sans doute ce fameux film qui a dû changer de nom et retarder sa sortie, suite aux attentats de novembre 2015. Il n’aurait pas été vraiment bien reçu à ce moment-là… Nocturama est un film plutôt contemplatif, comportant en une première partie le ballet des jeunes protagonistes dans le métro parisien, pour que chacun rejoigne l’endroit qu’il doit faire exploser, chacun à la bonne et même heure, avec tout un système pour qu’ils ne se fassent pas poursuivre. Puis ils s’enferment dans un grand magasin de luxe le soir venu, Nocturama, et y passent la nuit. Qui sont ces jeunes, on ne le sait pas vraiment. Mais ils viennent de tous les horizons, font partie de la même génération paumée qui se souhaite anticapitaliste, qui suppose que les choses devaient bien « éclater » dans cette ville à un moment ou à un autre. Mais cette seconde partie voit aussi leur traque et leur mise à mort par des membres de la police, sans réelle émotion, sans possibilité d’être sauvés – et ce du point de vue de chacun, à la manière du Elephant de Gus Van Sant. Et si le réalisateur s’en sort plutôt bien au niveau de la mise en scène, avec des plans visuellement beaux, qui traduisent bien le vide et le caractère « perdu » de ces jeunes qui ne savent pas quoi faire après leurs attentats, on ne sait pas exactement ce que les héros du film revendiquent. On ne sait rien de leur passé, pas assez pour s’attacher, et quand ils prennent conscience de la gravité de leurs actes, c’est trop tard. Si on ne sait pas trop où le film a voulu en venir, il dégage malgré tout un malaise assez lancinant et froid, que l’actualité post-tournage a rendu encore plus inconfortable.
Quant au personnage masqué, il s’agit du plus jeune de la bande, mais j’avoue que ce critère est très limite. En choisissant le dvd, celui-ci exhibait dans ses images de présentation ledit masque et je supposais que tous les personnages le portaient pour leur anonymat… mais au final, l’adolescent ne le porte que dix secondes tout au plus dans le film !
Tu as profité de ce mois pour voir des classiques. Je pense qu’ils me tentent tous à part Nocturama, qui, je pense, ne me plaira pas. Enfin, paradoxalement, ton paragraphe m’a plutôt donné envie de voir Elephant. Bon en tout cas, le défi du mois a bien été réussi, avec un compte rendu doté d’une analyse fine.
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Je n’osais le dire parce que je me répète à force, mais Nocturama est français…et les films français sont souvent…un peu chiants…red Mais il m’a fait penser à Elephant qui m’avait beaucoup marquée quand je l’avais vue, plus jeune. Peut-être un revisionnage en vue. Merci pour ton commentaire et ton compliment !
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Ah ah ! Oui c’est vrai en plus… Nocturama je l’ai trouvé hyper long quoi… Trop lent aussi, pas assez de rebondissements, peut-être trop dans la subtilité… Mais il faudrait que je le revois moi aussi !
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Oui, ce film était très long ! 2h05, c’était trop. Et je ne suis pas certain qu’il vaille le coup d’être revu 😛 Surtout que s’il est certes subtil, il faut quand même plus de fond et de profondeur derrière.
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