Un mois de lectures plus légères, très orientées jeunesse…ce qui fait parfois du bien à l’esprit !
Une proie si facile (Friend Request), Laura Marshall – VO 2017, VF 2017
Le topo : Louise Williams est mère d’un petit garçon, et divorcée depuis peu. Sa vie pourrait être heureuse, jusqu’au jour où elle reçoit un message d’invitation Facebook de la part de Maria Weston, une ancienne camarade du lycée. Malheureusement, Maria Weston est morte vingt-cinq ans plus tôt, et Louise n’est pas innocente à cette disparition…
Le résultat : Une proie si facile est un de ces romans policiers au côté psychologique prononcé, mettant en scène une héroïne peu sûre d’elle, confrontée à un mystère la dépassant. Évidemment, le/la véritable coupable n’est pas celui/celle que l’on croit ; l’intrigue est suffisamment touffue et inquiétante pour qu’on ressente les tourments de l’héroïne, pour qu’on se demande nous aussi ce qui se passe réellement. Le roman offre également, au fil de son histoire, une critique sensée sur le harcèlement scolaire, côté victime et oppresseur, en mettant en avant comment les incertitudes et manque de stabilité des adolescents peuvent mener à des tragédies. Cela incite également à réfléchir aux usurpations d’identités, aux données laissées de nous-mêmes sur les réseaux sociaux, et également aux violences conjugales, ou ce qu’on accepte de quelqu’un sous prétexte qu’il partage le même secret que soi. Mais malgré ces aspects objectivement intéressants, Une proie si facile m’a aussi quelque peu exaspérée, face au manque d’assurance de l’héroïne et de son obstination, adolescente, à vouloir être populaire, à fréquenter les bonnes personnes, aussi superficielles et toxiques soient-elles. Elle ne sait jamais vraiment ce qu’elle veut… L’intrigue tient en tout cas la route et se laisse aisément lire : elle plaira aux amateurs du genre.
Sauveur et fils, saison 1, Marie-Aude Murail – 2016
Le topo : Sauveur est psychologue. Dans son cabinet défilent multiples cas, des histoires de famille recomposées, des quêtes d’identités, des troubles chez de jeunes enfants… des vies dont son fils écoute les récits en cachette, derrière une porte. Mais l’existence de Sauveur est elle-même troublée par une malédiction venue de son pays, comme si quelqu’un de son passé voulait se venger de lui.
Le résultat : Marie-Aude Murail faisait partie de ces auteurs que j’aimais beaucoup, enfant, notamment avec sa série Golem, où des personnages de jeux vidéo envahissaient la réalité. De manière générale, c’est une auteure jeunesse reconnue, avec des romans accessibles et bien construits, aux sujets et personnages touchants. C’est le cas avec sa série Sauveur et fils, où le père et le fils sont indéniablement attachants, où Sauveur parvient à aider des familles, des enfants, tout en gardant un côté très maladroit. Au passage, ses consultations permettent d’aborder bien des thématiques différentes, et des problèmes actuels dans les familles d’aujourd’hui (homoparentalité, transidentité, divorce, famille recomposée, mariage mixte). On se laisse aisément conquérir par le style léger et fluide de l’auteur, qui n’est pas dénué d’humour et d’ironie, tout en douceur pourtant, et qui parvient à faire réfléchir doucement sur bien des sujets. Sauveur et fils fait partie de ces romans qui font indéniablement sourire, et je lirai sans doute les saisons suivantes. (Mention spéciale au côté adorable de la couverture…)
Ki & Hi, tome 1 : Deux frères, Kevin Tran & Fanny Antigny – 2016
Le topo : Ki & Hi relate les aventures imaginaires de deux frères, ceux qu’on connaît comme le duo du Rire Jaune sur Youtube.
Le résultat : Il est difficile de dire que Ki & Hi a une histoire précise, mais ce qui en ressort est le fort lien fraternel entre ces deux frères, différents l’un de l’autre. Ils nous emmènent dans des récits fantasques, des anecdotes, des aventures imaginaires (marquées par une influence japonisante, et pas que dans le format manga), le tout avec un dynamisme et un humour certain. Je n’ai peut-être pas adoré, mais ce manga est tout de même sympathique et drôle à lire.
Acceptation (Acceptance), la Trilogie du Rempart Sud tome 3, Jeff VanderMeer – VO 2014, VF 2018
Le topo : La Zone X s’étend depuis que le Rempart sud s’est effondré. Au milieu du chaos ambiant et de la paranoïa toujours présentée, le héros du deuxième de la trilogie, Control, s’aventure dans la Zone X pour essayer de comprendre ses mystères et de trouver un salut, accompagné d’Oiseau Fantôme.
Le résultat : Le troisième tome de la trilogie du Rempart Sud offre-t-il les réponses attendues depuis le premier tome ? Oui et non. Ces livres de VanderMeer ressemblent à des rêves ou des cauchemars : tangibles, perceptibles, embrumés et passionnants pendant la lecture, et difficiles à expliquer une fois le roman fermé. Dans Acceptation, l’intrigue se permet des allers-retours entre présent, passé et futur, s’appuyant sur des personnages évoqués dont on obtient enfin le récit, permettant de trouver en chemin des indices aux questions posées, dans l’espoir d’une réponse. Peut-être… Acceptation est peut-être le plus touffu et dense des trois tomes, mais il se révèle passionnant, à condition d’y faire un effort actif de lecture, et de chercher à comprendre, à saisir, les indications laissées ici et là. On redécouvre des personnages sous un autre angle, on affronte des entités qui ne sont compréhensibles que par elles-mêmes et non par un esprit humain, la nature assure encore une fois sa domination. Si le charme a opéré lors des deux premiers tomes, vous aimerez aussi tout autant ce troisième tome, qui montre encore une fois que ce qu’on croit acquis ne l’est pas vraiment. Le style de l’auteur, toujours aussi étrange, complexe et hallucinatoire, continue à rendre l’histoire à la fois étouffante, intéressante, et originale. L’expérience de lecture en vaut clairement le détour : on ne trouve pas ce genre de bouquins tous les quatre matins.
16 ans 2 étés (Two Summers), Aimee Friedman – VO 2016, VF 2017
Le topo : Summer s’apprête à passer l’été chez son père, en France, loin de sa mère vivant aux Etats-Unis. A l’aéroport, son téléphone sonne au moment de passer la porte d’embarquement. Et si répondre à ce coup de fil pouvait bouleverser son été ?…
Le résultat : 16 ans 2 étés est une lecture adolescente estivale qui s’assume pleinement. Elle bénéficie aussi d’un parti pris original : le récit va alterner, tous les deux chapitres environ, deux réalités. Dans l’une, Summer a répondu à l’appel, et est obligée de rester aux Etats-Unis pour son été, se retrouvant alors à suivre un stage de photographie, à redécouvrir sa petite ville ennuyeuse… Dans l’autre, Summer n’a pas décroché, et part bel et bien en France, où son père ne l’attend pas spécialement : ce qui ne l’empêche pas de vivre quelques semaines dans le sud, y faisant découvertes et amitiés. Les deux récits sont toutefois unis, mais par des chemins différents, par la thématique des secrets de famille, des amitiés, du passage à l’âge adulte, de l’expérience et de la maturité, de l’art, des prémices amoureux… Les deux récits, étroitement imbriqués et se faisant échos l’un à l’autre, prennent ainsi deux routes différentes pour toutefois tracer un été qui va bouleverser la vie de Summer. Et c’est fait très joliment, tout simplement, avec ces deux vies parallèles. (Mention spéciale au jeu de mots avec le titre original.)
Les mystères de Larispem, tome 1 : Le sang jamais n’oublie, Lucie Pierrat-Pajot – 2017
Le topo : Paris est devenue, à la fin du XIXe siècle, une Cité-Etat indépendante où le peuple a pris le pouvoir, et où l’aristocratie est morte. A la croisée entre le steampunk et le rétrofuturisme, on suit le destin de trois jeunes personnages : Liberté, mécanicienne, Carmine, louchébem, et Nathanaël, un jeune orphelin. Mais une société secrète semble étendre son emprise dans l’ombre…
Le résultat : Les Mystères de Larispem est le roman ayant gagné la 2e édition du Concours premier roman jeunesse, après la victoire de la Passe-Miroir pour la 1ère édition du concours. Il est une référence aux Mystères de Paris d’Eugène Sue, par son titre, et aussi par le langage utilisé pendant une majeure partie du roman, l’argot utilisé par les bouchers dans le roman-feuilleton d’Eugène Sue. On se retrouve ainsi plusieurs fois à décrypter les paroles des personnages, non sans intérêt. La société dépeinte dans le roman est d’ailleurs tout aussi intéressante, par le peuple ayant pris le pouvoir, avec ce petit côté steampunk, et où l’on croise Jules Verne comme grand inventeur de la Cité-Etat. Les personnages et l’intrigue sont plaisants et crédibles, avec une petite dose de fantastique au milieu de la science dominante. Peut-être le tome 2 est-il plus approfondi, et plus riche, mais le tome 1, s’il est sympathique à lire, ne m’a pas totalement emportée pour autant. C’est d’autant plus dommage que l’univers pourrait être vraiment prometteur, mais il lui manquait quelque chose pour que je sois véritablement happée à la lecture.
Aujourd’hui est un autre jour (Another day), David Levithan – VO 2015, VF 2016
Le topo : Aujourd’hui est un autre jour raconte l’histoire de A comme aujourd’hui, du point de vue de Rhiannon. Celle-ci rencontre effectivement A, une personne changeant chaque jour de corps, devenant l’hôte d’un individu au hasard. A tombe amoureux de Rhiannon, mais celle-ci est déjà en couple, et ne croit d’ailleurs pas tout de suite à l’existence de A…
Le résultat : Il est intéressant de voir une même histoire racontée entièrement du point de vue d’un autre protagoniste principal, même si, ne nous leurrons pas, Rhiannon est un personne moins intéressante que A. Mais voir ses pensées, ce qu’elle fait en-dehors de la vision de A, apporte une profondeur certaine à l’histoire principale, une autre vision du personnage de Rhiannon, décidément plus grave et plus triste que je ne le pensais, plus blasé, d’une certaine façon. On comprend alors mieux ses réticences à suivre A, à saisir son histoire, ses hésitations et ses doutes, sa relation avec son petit ami Justin, ou même sa famille. Le roman permet d’introduire d’autres thèmes et sujets, même si ceux-ci sont plus « légers » et moins philosophiques que du point de vue A, se basant davantage sur les conflits familiaux, le côté noir de l’adolescence ou le fait d’être prisonnier d’une relation. Aujourd’hui est un autre jour n’est pas indispensable, mais offre une écriture intéressante, et de l’approfondissement à ceux qui ont aimé l’histoire originale.
Assassination’s classroom, tome 1, Yusei Matsui – VO 2012, VF 2013
Le topo : Un extra-terrestre en forme de poulpe menace de détruire la Terre, mais seulement dans un an. Il se retrouve alors à enseigner à une classe de lycéens japonais, et ceux-ci sont chargés par le gouvernement de chercher à tuer leur professeur. Mais la relation entre l’extra-terrestre et les élèves est loin de n’être qu’hostile et meurtrière.
Le résultat : Un seul tome ne suffit pas à voir tout le potentiel d’un manga, même si j’en ai une petite idée au vu des recommandations de F. de l’O. pour débuter cette série. Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de manga, donc c’est déjà un plaisir de varier un peu, d’autant que Assassination’s classroom est un peu déstabilisant et délirant au premier abord. On a une ambiance légère et drôle, bouleversée par l’idée de ces élèves chargés de tuer leur professeur, et par ce professeur qui pourrait faire exploser la Terre quand il le veut… Il est certain que du côté des lycéens, comme de Koro-San (le professeur qu’on ne peut pas tuer), il y a encore à creuser et à découvrir. Mais le rythme, les dialogues, les scènes tantôt belliqueuses, tantôt touchantes et humaines, du premier tome, séduisent inévitablement. Et je suis bien curieuse de découvrir la suite de ce manga très décalé.
J’étais tenté par le manga du Rire Jaune, mais bon, ce n’est pas vraiment une priorité. Quant à Aujourd’hui est un autre jour, j’ai effectivement peur que ça surfe sur le succès du premier opus, et n’apporte pas grand chose d’indispensable… Pour finir, qui te dit que Koro est un extra-terrestre ? RED En tout cas, ça commence plutôt doucement mais ça devient de plus en plus excellent. Il faut vraiment aller au bout de cette histoire.
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Le premier tome de Ki & Hi est sympa, mais sans plus, pour moi en tout cas. Tu as tout à fait raison pour Aujourd’hui est un autre jour, qui est quand même bien moins intéressant dans son contenu, même si la forme (écrire l’histoire d’un autre point de vue) est plutôt sympa.
Je suis au tome 6 de Assassination’s Classroom, effectivement, je commence à avoir quelques soupçons sur l’identité de Koro-Senseï… red J’adore vraiment la série des mangas, en tout cas, elle est excellente. Je vais les lire sous forme papier en premier (ils les ont jusqu’au 12e dans mon réseau de bib, je crois) et je verrai l’anime ensuite. Enfin, si je ne craque pas avant… je dois déjà patienter pour avoir les tomes 7 à 10…red Merci de la découverte !
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