Life is strange (2015)

Max Caufield est étudiante en photographie à l’université Blackwell d’Arcadia Bay, où elle avait vécu plusieurs années en étant plus jeune. Son existence change radicalement quand elle s’aperçoit être capable de remonter le temps sur une courte période, sauvant par-là même la vie de son amie d’enfance, Chloe Price… Dans le même temps, une terrible tempête semble prête à dévaster Arcadia Bay.

Quand j’ai testé le premier épisode de Life is strange, je n’avais pas trouvé que l’histoire était aussi passionnante que les nombreuses critiques positives sur le jeu ne semblaient le dire. Heureusement, persévérer un peu a permis de révéler un jeu vidéo composé de cinq épisodes, intelligemment écrits, prenants, émotionnels, et dotés de thèmes bien plus matures que ne le laissait entendre l’épisode 1 de mise en place.

Life is strange est un jeu vidéo interactif à la manière des Tell Tales et de Heavy Rain : on est libre d’aller et venir avec Max dans un environnement donné, d’interagir avec des objets ou des personnages. Mais surtout, ce sont nos actes et décisions de dialogues qui guideront le scénario du jeu et la relation avec les autres protagonistes. Et qui influencera, évidemment, le rendu émotionnel éprouvé durant tout le temps du jeu. Life is strange, à bien des égards, joue beaucoup sur une certaine forme de nostalgie et un rappel aux années de lycée ou d’université. Max est une étudiante brillante, mais assez introvertie et timide, avec son petit monde bien à elle, vu par les polaroids de son appareil photo, sa musique, les descriptions et illustrations de son journal intime. Ce dernier nous permet d’accéder à ses émotions et à ses réflexions sur l’action en cours, autant qu’il nous rappelles derniers événements du jeu. De nombreuses références sont faites au monde la pop-culture, à des films des années 70 à 80, à des livres, à l’art en général, à des œuvres cultes que nous connaissons tous. Quand à l’environnement universitaire où elle évolue, bien que celui-ci soit typiquement américain, on est certains d’y retrouver le genre de caractère que beaucoup de gens ont dû côtoyer au lycée ou à la fac, entre les clans, les élèves prétentieux et snobs, ceux plus timides, davantage tournés vers l’art, etc. Life is strange est un retour aux années de fin d’adolescence, de la vie de jeune adulte, en accordant une grande place aux interrogations et aux sentiments éprouvés durant cette période de vie.

Max est ainsi un peu en recherche d’elle-même, tâchant de s’améliorer en photographie, mais aussi en ayant une vie plus sociale et agréable au sein de Blackwell, sans cependant s’effacer. Elle s’interroge sur son avenir, et en même temps sur son passé, puisque revenir à Arcadia Bay la ramène à son enfance, et aussi au souvenir de Chloe, son amie qu’elle a plus ou moins laissée tomber en déménageant. Suite aux conséquences de son pouvoir de remonter dans le temps, elle va devoir affronter plus de dilemmes et d’événements qu’une jeune fille ordinaire. En modifiant ses actes, elle entraîne en effet une cascade d’actions dont elle ne voit pas toujours la finalité. Elle se lie de nouveau avec Chloé (suivant une amitié plus ou moins amoureuse selon les choix de dialogue), enquête sur une étudiante disparue, vient en aide à une camarade dépressive, ou se retrouve à lutter contre des mesures de sécurité et des manipulations internes au sein de Blackwell. Chloe, quant à elle, est un personnage aussi attachant que Max, dotée d’un côté punk, et en même temps d’une colère, d’une détermination et d’une force de vivre qu’on ne peut que aimer. Le duo se complète et est indéniablement mémorable, et extrêmement touchant dans leurs relations amicales/amoureuses, en finesse et en nuances. Les deux protagonistes sont un coup de coeur pour moi, en toute honnêteté. Et ce n’est qu’un aperçu pour dire que le jeu, au-delà de son aspect visuellement coloré et de son atmosphère nostalgique, est en réalité bien plus sombre et mature qu’il n’y paraît.

Life is strange possède un gameplay simple mais complet, où l’action progresse parfois lentement, mais toujours avec la volonté de faire réfléchir ou d’émouvoir. Les photos prises par Max sont autant un outil narratif qu’une manière pour le joueur d’immortaliser les moments qu’il passe dans le jeu. C’est avant tout une histoire complexe où les personnages sont attachants, révèlent plusieurs nuances, sont confrontés à des dilemmes, des choix de vie, et sont tous plus ou moins compréhensibles. Le jeu interroge aussi sur les notions de destinée, de libre-arbitre, de conséquences de nos actes et paroles, du sacrifice, des responsabilités et de l’abnégation. Ses thèmes sont variés, allant du harcèlement scolaire, du suicide, des magouilles internes d’une institution, jusqu’à l’écologie, l’émerveillement face à la nature, la nostalgie du temps passant, les souvenirs.


L’atmosphère passe du teen movie au drame, de la comédie parfois, jusqu’au thriller, le tout avec un rythme de plus en plus prenant et des situations parfois assez déchirantes et difficiles. Si Max semble toujours commenter les choix effectués par le joueur, comme si aucune solution parfaite n’existait, c’est sans doute pour mieux faire prendre conscience des conséquences de nos choix, aucun d’eux ne pouvant être effectivement parfait. D’ailleurs, la décision finale du jeu, après des passages horriblement tendus et cauchemardesques, ne peut que laisser un goût amer. Cela a été mon cas en choisissant d’abord la fin égoïste, puis en testant l’autre, avec plus d’abnégation. Mais c’est une autre preuve que Life is strange est un voyage narratif aux graphismes colorés, lumineux, aux teintes à la fois douces et sombres, à l’image de son histoire. Et surtout empli d’émotions, qui valent largement le détour.


15 réflexions sur “Life is strange (2015)

    1. Merci beaucoup pour le compliment ! 🙂 Oui le jeu vaut tellement le détour et il est très évocateur tant en thèmes qu’en émotions…ce serait dommage pour certains de passer à côté !

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      1. Je ferais Before the Storm sans hésitation, après, quand précisément, c’est la question. Je suis partie sur Dragon Age en ce moment et je ne risque pas de le terminer de suite… 😀

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  1. Je suis assez d’accord avec cet article, si ce n’est que, pour ma part, j’ai nettement préféré Chloe à Max. Celle-ci était vraiment trop réservée et passive, dans les premières phases du jeu, pour me passionner.

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    1. J’aime beaucoup les deux, même si je trouvais parfois (très rapidement) Chloe un peu tête à claques. Mais elle a bien plus de classe, de détermination et de tragique (et de cheveux bleu tendance punk red) ; de toute manière, les deux héroïnes se complètent et s’équilibrent. Et puis Max a un caractère plus proche du mien, ce qui a sans doute joué dans l’identification, bien qu’elle soit effectivement trop introvertie au début.

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      1. Je voulais déjà mettre en place des mercredi apm consacrés au rétrogaming avec mes gamins … ^^,je pense abonner le CDI à jeux vidéos magazine, c’est beaucoup moins cher que je ne pensais, et des petits 6ème m’ont demandé !

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