Pour l’avant-dernier Watching Challenge, le chemin passe par une maison hantée, un royaume fantastique imaginaire, un univers américain déjanté, et enfin une Russie froide à de nombreux égards… Bonnes découvertes !
Hérédité, Ari Aster, 2018 | Un film avec un personnage auquel vous vous identifiez
J’ai déjà parlé de façon plus approfondie du film d’horreur Hérédité dans un autre article, mais il se retrouve de nouveau ici pour le Watching Challenge. De façon surprenante, même si aucun des quatre personnages principaux d’Hérédité ne donne lieu à un véritable attachement, tous ont des réactions très réalistes, très humaines, face aux événements tragiques et surnaturels qui les harassent. Bien davantage, en tout cas, que dans la plupart des films d’horreur que j’ai pu voir. J’ai identifié et retrouvé des réactions qui seraient peut-être les miennes à leur place : soit croire à fond au surnaturel au point d’en être paranoïaque et au bord des nerfs (la mère), afficher un rationalisme rigide servant de barrière, sans pour autant cesser d’écouter les autres (le père) ou bien avoir un scepticisme et un effroi grandissant, une profonde culpabilité, le souhait que tout reprenne son cours normal (le fils). Outre l’horreur, le film traite également le deuil d’une façon assez humaine, notamment quand la mère utilise son art comme une thérapie et une façon de rendre hommage à sa mère décédée. Enfin, les liens, les conflits, les relations de soutien ou d’opposition entre les différents membres de la famille, sont à la fois simples et complexes, mais percutantes de vérité, de nuances qui rappellent sans doute des expériences vécues par les spectateurs.
Pulp Fiction, Quentin Tarentino, 1994 | Un film où quelqu’un mange un burger
Voir Les huit salopards le mois dernier m’a donné envie de (re)regarder d’autres films de Tarantino. J’ai remis ainsi Pulp Fiction, que j’avais vu il y a des années sans l’apprécier. Le temps et les films vus depuis a-t-il changé quelque chose ? Je crois qu’en tout cas, il est toujours loin d’être mon préféré, malgré les dialogues toujours savoureux, la mise en scène survoltée, le jeu des acteurs, l’aspect puzzle du scénario. Je ne sais pas ce qui me botte moins dans ce film, que les autres Tarantino, mais bref. J’ai quand même davantage apprécié le film à ce deuxième visionnage, retrouvant mieux l’imbrication des morceaux du scénario, des références, ou tout le style du réalisateur. Évidemment, la scène où Jules et Vincent parlent de la confection du burger, du nom qu’on leur donne en France, et où Jules mange le hamburger de sa future victime, est culte pour beaucoup depuis longtemps….
Tale of Tales, Matteo Garrone, 2015 | Un film qui parle d’un animal
Film adaptant trois contes du XVIIe siècle du poète Gimabattista Basile – et faisant des références à quelques autres – Tale of Tales est un long-métrage à l’ambiance fantastique et baroque. Dans un lointain royaume, une reine est prête à tout pour avoir un enfant, y compris à manger le cœur d’un monstre-dragon ; un roi libertin se met en quête d’une demoiselle qu’il a entendue chanter ; un roi délaisse sa fille au profit d’un insecte qu’il trouve par hasard… Ces trois contes se recoupent et se mélangent en une histoire globale, chacun présentant sans aucun doute plusieurs interprétations ou symboliques. Je n’en dirais pas plus sur les histoires, pour laisser le plaisir de la découverte. Tale of Tales a une patte fantastique, tantôt sombre, tantôt magique, tout dans ses décors, ses costumes baroques, et si ses personnages sont tantôt humains, tantôt des symboles, ils se croisent tous dans un entrelacement d’histoires intrigantes, parfois héroïques, parfois répugnantes, et souvent dures. Les véritables héros, comme dans les contes, sont souvent les enfants, là où les parents se laissent guider par l’avidité et le désir. Et toute magie finit par se payer… Il s’agit d’un beau film visuel, mais avec des contes définitivement plus adultes qu’enfants, notamment en raison d’un certain coté sanglant, mais aussi pour le côté un peu malsain. Comme tous les contes originels, finalement… Ici, ce sont deux animaux qui sont particulièrement importants : le monstre-dragon qui permettra à la reine (Salma Hayek, dans un registre qui change) d’avoir un enfant, mais aussi l’insecte que le roi de la troisième histoire récupère, une puce. Elle n’est pas méchante (quoique), la puce, mais elle a également un rôle pour le choix du mari de la jeune princesse…et puis quelle horreur d’élever une puce, quand même !
Red Sparrow, Francis Lawrence, 2018 | Un film avec un acteur/une actrice détesté(e)
Il est peu d’acteurs ou actrices que je n’aime pas, tout en pouvant leur reconnaître une bonne capacité de jeu : c’est ainsi le cas de Jennifer Lawrence, que j’ai toujours trouvée très froide et très prétentieuse dans ses rôles. (Anecdote : il y avait aussi Jeremy Irons dans ce film, qui aurait pu correspondre au critère.) Par ironie du sort, Red Sparrow est pourtant un film où j’ai apprécié l’actrice. Dans ce thriller d’espionnage, elle joue une jeune danseuse, en Russie, dont la carrière est brisée par un accident. Pour survivre et payer les soins dont sa mère a besoin, elle accepte de rejoindre l’école des moineaux, et devenir un agent infiltré auprès des ennemis de la Russie… notamment en jouant de séduction. Le film a une esthétique froide, mais belle, notamment pour ses décors et sa mise en scène. Comme tout long-métrage d’espionnage, le scénario joue sur la manipulation, les faux-semblants, le mensonge, les double-jeu, y compris celui de l’héroïne, et utilise ses rebondissements avec pertinence. Le film est assez dur, notamment parce que rien ne sera épargné au personnage de Jennifer Lawrence, entre humiliations, viols, interrogatoires et blessures. Il fonctionne en tout cas plutôt bien, et pour une fois, la dureté apparente, la distance que je n’ai jamais appréciées chez cette actrice servaient bien son personnage. Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir des moments d’émotions et une certaine fragilité sous le masque. La scène d’ouverture, avec le ballet, était aussi plaisante à voir, même si je pourrais toujours reprocher un certain manque de nuance ou de subtilité dans le côté manipulation charnelle mis en avant par le film. (La série The Americans, sur le même sujet, est bien plus émouvante et poignante.) Si vous aimez le genre espionnage ou le côté historique de l’époque, Red Sparrow vous plaira sûrement.
Hérédité est peut-être dans la lignée de The Conjuring, mais de toute façon, on en avait déjà parlé. Pulp Fiction, je l’apprécie probablement un peu plus que toi, mais effectivement, il est surcoté, en terme de Tarantino. Quant aux deux autres films, je ne les connaissais pas, le premier me paraissant loufoque, et le deuxième, ma foi, ce ne sera probablement pas ma tasse de thé.
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Je pense que Tale of Tales te plairait, avec le côté contes/baroque/fantastique, mais il est quand même un peu spécial. Hérédité ferait plus penser à L’exorciste/Rosmary’s Baby, pour moi.
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