Soma est un jeu vidéo de style survival horror, produit par Frictional Games et sorti en 2015 sur PC et Playstation 4. Il est également disponible parmi les jeux proposés ce mois-ci avec l’abonnement PS +. A vrai dire, il serait plus juste de le qualifier de jeu vidéo de science-fiction d’ambiance délétère, plutôt que d’horreur… Il n’y aura pas de spoilers dans cette critique, le charme du jeu résidant beaucoup dans sa trame narrative et ses divers dénouements.
Simon Jarret est un jeune homme tout à fait lambda, mais qui vient de passer par une rude épreuve. Cet ancien libraire a subi un accident de voiture ayant tué sa fiancée, et lui ayant causé des dommages mortels au cerveau. Il suit un traitement expérimental pour essayer de retarder son décès. Mais lorsqu’il va passer un scanner IRM, il s’évanouit. A son réveil, il se retrouve perdu, seul, isolé, dans une étrange station sous-marine déserte. Il lui faudra trouver son chemin au milieu des bâtiments abandonnés, à la recherche d’autres personnes, et en prenant garde aux monstres qui rôdent…
Un faux survival horror
Il est vrai que Soma a tout du survival horror à première vue, notamment avec sa vision à la première personne. Mais son aspect futuriste dénote, car nous apprenons bien vite que son histoire se passe plutôt en 2104, autrement dit, bien des années après l’existence propre de Simon en 2015. Pourquoi ? Comment ? On le découvrira au fur et à mesure du jeu, dans une atmosphère qui ne dit rien qui vaille. Explorer les corridors abandonnés, les stations désertes, au gré des lumières vacillantes, des portes fermées et des canalisations d’air, fait immanquablement penser à Alien Isolation, on constate vite qu’il n’y aura pas de jump scare dans ce jeu. Les monstres existent, créés par une intelligence artificielle nommée WAU, et face à eux, on n’a pas d’autre possibilité que de les fuir ou de les contourner. La méthode diffère selon les créatures : certaines ne sont sensibles qu’au bruit, d’autres ne vous remarquent pas si vous ne les regardez pas directement (pas très rassurant de passer à côté en leur tournant le dos). Pourtant, ces monstres mettent plus mal à l’aise, qu’ils ne sont effrayants, tant ils paraissent humains, mais déformés par une sorte de gel structurant qui modifie leur corps. Gel structurant qui permet d’ailleurs à Simon de se déplacer dans des zones aquatiques sans difficulté respiratoire.
La gestion d’inventaire est quasiment absente du jeu, car Simon ne transporte des objets que de temps en temps, et ne se sert que d’une lampe et d’un Omnitool, un outil électronique permettant de déverrouiller des portes. La vision de Simon se trouble quand des créatures se trouvent à proximité, indiquant le danger. D’ailleurs, Soma pourrait être un walking simulator, car on parle ici plus d’exploration, de petites énigmes faciles à résoudre, de lire des messages ou d’explorer les bases de données d’ordinateur, que d’autre chose. La majorité du jeu se résume à des avancées dans les couloirs sinistres, souvent dans la pénombre, au milieu d’objets dégradés, et en croisant partout des sortes de tentacules bleuâtres, présences du gel structurant et du WAU. Certes, il y aura les quelques passages de cache-cache avec les monstres, ceux-ci pouvant vous tuer au bout de deux rencontres, mais ce sera ensuite tout. Car le jeu mise beaucoup sur l’ambiance et sur sa narration. Ambiance, merveilleusement servie par une musique tantôt oppressante, tantôt mélancolique, et qui n’est pas gâchée par les jeux de voix des personnages, Simon communiquant régulièrement avec une autre personne présente dans la base, Catherine, au biais d’un ordinateur.
Une ambiance poisseuse et solitaire
C’est tout le décor futuriste délaissé qui donne une atmosphère si prégnante au jeu, en même temps que les quelques apparitions de monstres. De plus, on y croise d’étranges robots qui semblent doués de conscience, nous parlant et semblant ressentir la douleur, aussi bien que des cadavres d’humains parasités par le WAU, mais qui respirent encore, dans le coma. De quoi donner des frissons ! On se retrouve encore plus isolé dans ces stations sous-marines aux portes bloquées, qu’on ne le ressentait dans Alien Isolation. Principalement parce qu’en plus d’être enfermé, on est à des centaines de kilomètres sous l’eau. Si les phases aquatiques permettent de voir des fonds marins, des plantes, des animaux abyssaux, soignés et parfois superbes à voir, on ressent aussi profondément l’obscurité des abysses qui avale toute lumière, sitôt qu’on s’éloigne des complexes créés par l’homme. Et que dire de ces moments où on rampe dans des tunnels rocheux, de quoi se sentir claustrophobe. Ces moments sont vraiment réalistes, et cette sensation de solitude ne m’a pas lâchée tout du long. Le jeu, plutôt que de la peur, met vraiment mal à l’aise et je n’ai pas été tranquille en le faisant. D’ailleurs, il me fallait des sessions courtes, pour évacuer un peu de cette tension permanente (ce qui ne m’était pas arrivé depuis Silent Hill 3)… Et la fin du jeu apparaît comme un véritable soulagement, après tout ce temps passé sous l’eau.
Une narration au service de la réflexion
Le gameplay et le côté survival horror ne sont donc pas les points forts du jeu, même s’ils demeurent tout à fait corrects. D’ailleurs, le gameplay ne nous prend pas par le main : si les objectifs à atteindre sont souvent clairs, le joueur doit se débrouiller pour trouver les objets nécessaires ou le chemin suivant. Ce côté « autonomie » se ressent également dans la narration de Soma. Les moments de dialogue avec Catherine se feront de plus en plus fréquents, jusqu’à nous permettre de comprendre la raison de notre présence dans les stations sous-marines, et pourquoi d’autres humains y ont habité. Mais ces explications amènent autant de réflexion sur la vie de l’homme en cas d’apocalypse, sur le transhumanisme, sur la survie à tout prix, sur l’immortalité, sur l’existence, sur ce qui est un être humain. Est-ce l’âme uniquement ? Est-ce le corps ? Nos perceptions ou nos pensées ? Est-ce le passé qui nous définit ou nos actes du moment ? Quelles sont les limites entre l’homme, le monstre, l’intelligence artificielle ? Le jeu brasse toutes ces questions de façon très intéressante, par le biais de certains choix moraux à faire (sans conséquences sur le déroulement du jeu) mais qui mettent bel et bien mal à l’aise, quoiqu’on décide.
Ces thèmes sont aussi mis en avant de manière intelligente, car Simon a ses propres avis sur ces questions, tandis que Catherine, en face de lui, reste délibérément neutre et scientifique, refusant de nous orienter. Probablement y aurait-il eu encore plus à matière à fouiller, mais j’ai trouvé le jeu vraiment poignant sur ces questions, avec des séquences assez fortes et émouvantes. Et c’est aussi en cela que Soma n’a que de fausses apparences de survival horror, pour être davantage une histoire philosophique soignée, à l’ambiance lourde et pesante. Il est véritablement conseillé de fouiller tous les endroits du jeu, pour découvrir des notes, des enregistrements audio, et mieux appréhender les aboutissants de l’histoire. Suivre le fil directif principal sans se montrer curieux fait perdre de la force à Soma, même si on est impatient de savoir les fins mots de l’histoire.
Conclusion
Soma est donc moins un survival horror qu’un walking simulator de science-fiction, nourri par des réflexions intéressantes et inattendues. En tout cas, sans avoir cherché davantage de quoi parlait le jeu, j’ai été surprise par la direction empruntée par l’histoire, et de façon positive. A condition que le genre et que le côté glauque ne vous répugnent pas, il vaut sans aucun doute le détour, notamment pour sa narration forte, son ambiance, et pour la beauté de certains paysages sous-marins. Et pourquoi le titre Soma, mot jamais prononcé dans le jeu ? L’expliquer, ce serait aussi spoiler un peu…
Je te remercie pour ton avis sur ce nouveau titre proposé ce mois-ci aux abonnés du PS+. Le synopsis du jeu m’avait intrigué au point d’ajouter Soma à ma liste de jeux à faire. Ton article me conforte dans cette idée. Je suis après tout un grand amateur de science-fiction et les thèmes abordés par le jeu me touchent. Un jeu à découvrir donc !
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Je pense que c’est tout à fait dans ton genre, donc tu as bien fait de les télécharger. Il te plaira !
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J’avais entendu parler de Soma, en bien, aussi l’ai-je pris quand il a été disponible avec le ps +. Certes, étant une chochotte, je ne me fais pas d’illusion. Ce n’est probablement pas demain la veille que je vais le faire (une ambiance mettant mal à l’aise peut parfois me suffire), mais je me réjouis d’apprendre que le jeu est aussi intéressant qu’on le dit. Son intelligence donne envie, c’est sûr.
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Sinon je me ferais une joie de t’assister pour le faire. Mais ambiance sous-marine plus espace clos plus des moments très étroits…tu vas un peu souffrir –> Et oui, même s’il aurait pu approfondir encore plus ses thèmes, je le trouve intelligent.
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J’ai entendu pas mal de choses positives sur ce jeu mais je ne m’étais jamais vraiment renseigné à son sujet. Le fait que ce soit un jeu visiblement narratif peut paraître séduisant. Dommage que je n’aie pas le PS+, sinon j’en aurais profité également. Merci pour ce retour qui donne envie !
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En tout cas, s’il se présente avec un côté survival horror, j’ai trouvé que son intérêt reposait beaucoup plus sur sa narration et son histoire. Effectivement, c’est dommage…mais peut-être en soldes, éventuellement ?
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C’est une possibilité. Je l’ajoute à la très longue liste de jeux que j’aimerais découvrir haha !
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