Vampyr est un jeu vidéo produit par le studio Dontnod Entertainement, et sorti en 2018 sur PS4, Windows et Xbox One. Mélangeant RPG, action et narration, son intrigue est assez originale, puisqu’il s’agit d’un des rares jeux vidéos mettant en scène un héros vampire. Étant fan de Bram Stoker et de son Dracula depuis des années, Vampyr et son ambiance victorienne-gothique ne pouvait qu’attirer mon attention ! En raison de ses riches références historiques et de ses nombreux personnages, je rajoute également ce jeu au Gaming Challenge, lui ayant trouvé un sous-texte assez intéressant. Notez également que je parlerai du jeu tout en restant vague par moments, afin d’éviter les spoilers majeurs.
Londres au lendemain de la Première guerre mondiale
Mêlons tradition et modernité
Vampyr commence lors du retour à Londres du médecin et hématologue Jonathan Reid, démobilisé de la Première guerre mondiale en France. A peine a-t-il posé le pied sur les quais de Londres, qu’il se fait agresser par un inconnu et est laissé pour mort. Reprenant conscience, le médecin, devenu vampire sans le savoir, se jette sur le premier cœur battant venu pour assouvir sa nouvelle soif de sang. Hélas, il s’agit de Mary, sa propre sœur. Regrettant immédiatement son geste, il se met alors en quête de comprendre ce qu’il est devenu et de trouver son Créateur… Cette quête principale se trouve bien vite doublée d’une autre facette : éradiquer l’épidémie de grippe espagnole qui dévaste Londres, en exerçant au Pembroke Hospital.
Vampyr met en place un récit « initiatique » en plaçant le joueur dans la peau d’un vampire nouveau-né à la recherche de son Créateur, un axe classique dans la littérature vampirique. Mais l’originalité est ailleurs : Jonathan Reid est aussi médecin, spécialisé dans les transfusions sanguines (quelle ironie, n’est-ce pas), et bien que devenu une créature de la nuit, il ne renonce pas à sa vocation première, ni ne délaisse la société à laquelle il est intégré. L’autre particularité est de déplacer l’action de l’intrigue en 1918, après la Grande Guerre, au lieu du traditionnel XIXe siècle qui accompagne généralement les histoires de vampires. Ce changement de siècle permet au jeu de garder à la fois le cachet victorien et gothique assimilé au genre, tout en lui inculquant une certaine modernité, un nouveau cadre historique et social. Ici, il n’y a point de révolution industrielle ni de véritable plongée dans l’aristocratie anglaise, mais plutôt le traumatisme prégnant de la guerre, l’immigration suite aux conflits européens ou encore les avancées de la médecine. Jonathan Reid, au lieu d’embrasser une existence de vampire romanesque, cherche également à expliquer scientifiquement sa condition de mort-vivant, tout en admettant que la science ne résout pas tout.
Vampire la nuit, médecin toujours
Un action-RPG narratif
Avant d’aller plus loin dans une petite analyse de Vampyr, quelques mots sur le jeu en lui-même. Vampyr est indéniablement un RPG, avec tout un arbre de compétences et de diverses armes à débloquer pour son personnage, le tout en suivant une quête principale et de nombreuses quêtes secondaires, données par les différents habitants de Londres. Le jeu comporte aussi une grande part de combats, soit contre la Garde de Priwen, un ordre militaire combattant les vampires, soit contre les Skals, des sortes de sous-vampires aliénés. Le monde est ouvert, laissant Jonathan libre d’explorer Londres et d’inspecter des documents (archives, affiches, lettres, journaux) enrichissant le contexte de l’histoire. Les quatre quartiers de la ville se débloquent au fur et à mesure de l’intrigue, et chacun d’eux comporte une quinzaine de PNJ. Ces personnages secondaires sont chacun dotés d’une personnalité creusée et d’une histoire, offrant plusieurs lignes de dialogues possibles selon l’attitude de Jonathan à leur égard. Notre héros vampire étant médecin, il est aussi libre de les soigner ou non avec des médicaments appropriés quand ces protagonistes tombent malades. Ces actes lui permettent d’en savoir plus sur les habitants, d’améliorer la qualité de leur sang, pour éventuellement les « étreindre », soit boire leur sang, par la suite, afin de gagner en expérience.
Car les différentes capacités de Jonathan se débloquent avec de l’expérience ; or, ce ne sont pas les combats qui en font gagner le plus, mais davantage l’étreinte de sang, les différentes étapes de l’intrigue ou le fait de soigner les habitants. Autrement dit, deux voies s’offrent à notre vampire médecin : être vertueux et ne tuer personne, quitte à progresser lentement et avec acharnement, ou la voie facile, à savoir sucer le sang de chaque personnage croisé afin de devenir surpuissant. Le droit chemin est évidemment loin d’être le plus facile, mais j’y suis arrivée tout de même. Outre cet aspect RPG, les combats sont souvent difficiles et parfois mécaniques avec une IA un peu redondante, et des boss costauds (quand on suit le droit chemin, encore une fois). De quoi mourir plusieurs fois à répétition tant qu’on ne comprend pas la stratégie des ennemis, ou juste parce qu’on a sept niveaux de moins que l’adversaire.
Mais la véritable richesse de Vampyr est son côté narratif. Peut-être parfois un peu trop bavard, le jeu possède un background bien élaboré, des personnages secondaires consistants, chacun avec une personnalité propre, un visage mémorable, des conflits d’intérêt ou des liens avec les autres habitants de Londres… Un des grands intérêts du jeu est de parvenir à découvrir les faits les plus importants sur chaque protagoniste afin de mieux les comprendre. Cela s’applique aussi aux personnages « piliers » de chaque quartier, des personnalités régulant tel coin de Londres. Les étreindre, les transformer en vampires ou les charmer a des conséquences sur chaque communauté, et chaque quartier peut ainsi passer du statut sain (quand aucun citoyen n’est malade) à hostile, avec divers degrés entre les deux. Une fois les quartiers devenus hostiles, de plus en plus de Skals y traînent, et les citoyens meurent ou disparaissent au gré des nuits passant. Au joueur donc, de décider s’il préfère la voie du vampire badass qui tue sans remords ni pitié, quitte à faire de Londres une ville dévastée, ou s’il privilégie la vocation première de médecin de Jonathan, plus pacificatrice et plus morale.
Un univers diversifié
Des quartiers à l’image de l’ambivalence humaine
Vampyr n’est sans doute pas mémorable pour ses combats ; de même, ses animations laissent parfois à désirer, tout comme divers bugs et des temps de chargements plutôt longs. En revanche, il excelle dans son témoignage d’un Londres sombre et fouillé, victorien et gothique à la fois. Se promener dans les rues et dédales de la ville en pleine nuit (hé oui, vous êtes un vampire, faites le deuil de la lumière du jour) a un charme tout particulier, renforcé par l’excellente musique d’Olivier Derivière (dernièrement aux commandes de la BO de A Plague Tale) et le violoncelle d’Eric-Maria Decouturier. Mention spéciale à ce violoncelle, qui retranscrit à merveille l’âme tourmentée et divisée de Jonathan, partagée entre l’obscurité vampirique et le devoir médicinal, entre le monstre et l’humanité, mais aussi l’atmosphère inquiétante et tortueuse de Londres. Les doublages des différents protagonistes sont aussi à signaler : si Lady Ashbury et Jonathan, de leur nature de vampire, sont parfois un peu « morts » (trop peut-être) dans leurs réactions, les PNJ ont toutes des façons de parler très différente selon leur milieu, leur ethnie. Et c’est un véritable plaisir d’entendre parler un anglais très « littéraire » propre au XIXe siècle et début XXe, dans la façon de tourner les phrases, renforçant l’immersion.
Chaque quartier a sa propre ambiance. Les Docks, près des quais, sont les plus malfamés, avec des conflits de gangs et des assassinats réguliers, même si le pub de Tom Watts est le seul endroit neutre du coin où chacun peut trouver du repos et de la nourriture. Bien des PNJ errant dans le coin appartiennent à des clans ou des gangs, manipulent les autres ou font violence. Pourtant, certains d’entre eux sont aussi les plus tournés vers la rédemption et le souhait de faire le bien. C’est dans les Docks qu’on trouve un refuge destiné aussi bien aux humains qu’aux Skals, par exemple, ou que certains criminels cachent un profond désir de changement de vie, ou prennent pour eux les crimes de personnes chères. Les Docks, aussi sombres soient-ils, prouvent que des ténèbres peuvent naître des graines d’espoir et le souhait d’un futur meilleur. Il n’est donc pas étonnant que ce soit dans cette zone que Jonathan Reid commence le jeu après sa métamorphose en vampire.

Le Pembroke Hospital, où notre vampire médecin est amené à travailler en tant qu’hématologue pour cacher son changement de nature, est géré par le docteur Edgar Swansea. Ce dernier appartient à un Ordre ayant vocation à aider les vampires, et il se trouve donc être un allié de poids pour Jonathan. Ce sera aussi Swansea qui l’introduira à Lady Ashbury, une vampire qui devient également une alliée pour Reid. Le Pembroke Hospital et son quartier sont un lieu où se déroule le combat entre l’ancien et le moderne, le fantastique et la science. Reid et Ashbury y sont vampires au milieu d’humains ; Jonathan et d’autres médecins se confrontent pour faire avancer la médecine et le vaccin contre la grippe espagnole, avec des nouvelles techniques parfois douteuses ou faisant fi de l’éthique médicale, toute avancée n’étant pas exempte d’erreur.
Whitechapel, quartier célèbre pour son passé sordide (merci Jack l’Éventreur) est ici le lieu principal de l’immigration dans Londres. On y trouve nombre de travailleurs immigrés, notamment roumains (une discrète allusion à la Transylvanie de Dracula ?), ou de citoyens dont une ancienne mauvaise réputation les empêchent de trouver du travail, là où d’autres profitent volontiers de l’épidémie et de la pauvreté dans Londres pour escroquer les gens avec de faux médicaments ou des logements insalubres. C’est aussi l’un des quartiers les plus religieux, avec la présence d’un prêtre, Tobias Whitaker, dont la religion et le fanatisme ne font pas moins de dégâts que la maladie. Majoritairement, c’est un quartier plutôt hostile à l’égard de Jonathan, qui est vu comme un rond-de-cuir, un riche qui vient traîner ses beaux habits au milieu de la populace, ici régulée par Dorothy Crane, une infirmière ayant ouvert un dispensaire pour les pauvres.

Enfin, le dernier quartier, en opposition, est celui du West End, géré par l’homme le plus riche de Londres, Aloysius Dawson. C’est également le quartier d’origine de Jonathan, où réside ce qui reste de sa famille. Ce dernier coin du monde de Vampyr est le plus riche et peut-être le plus majestueux, dissimulant une société secrète de vampires, mais également des citoyens préoccupés non plus par la pauvreté et le travail, mais les relations familiales, amoureuses ou la réputation sociale. Les apparences et faux-semblants jouent un rôle particulier ici. C’est le quartier qui rappelle à Jonathan sa famille, qui il aurait pu être, sur lequel il pose un regard amer, sur un passé qu’il ne reverra plus et dont il doit se détourner, au risque d’y porter malheur.
Les quatre quartiers représentent donc des facettes différentes de Londres ; à leur image, les citoyens y sont aussi d’une certaine ambivalence. Si l’on prend la peine de fouiner et de découvrir leurs « secrets », certains PNJ se révèlent passionnants et passionnés, et avec des valeurs, des buts, qui sont toujours d’une grande résonance aujourd’hui. Tel duo d’apparents amis est en réalité un couple gay qui n’ose se révéler au grand jour ; et ne sont pas en reste, les couples inter-raciaux qui seraient critiqués si révélés. Telle infirmière, pourtant soutenue par un confrère, est bloquée par sa nature de femme et ne peut devenir la médecin dont elle rêverait, tout en ayant les capacités pour. Tels personnages, qui semblent adorer leur père ou leur mère, sont en réalité victimes de relations parent-enfant implicitement toxiques ; ou ne réalisent pas tous les sacrifices faits pour eux, par leurs parents. D’autres protagonistes, sous couvert d’actions éthiques, ne sont en réalité que des escrocs. Plus touchants sont les quelques personnages qui sont issus d’un passé de criminel ou qui ont subi de graves traumatismes dans leur enfance, et qui pourtant cherchent désormais à faire le bien à tout prix, incarnant la rédemption, ou la désirant sans pouvoir l’atteindre. Évidemment, plusieurs protagonistes témoignent aussi du traumatisme physique ou mental d’après-guerre, chacun revenant à une vie normale de façon plus ou moins adaptée, ou ayant dû immigrer à Londres suite aux conflits entre pays, sans pour autant trouver de travail décent, à part la prostitution… Enfin, je citerai mes trois préférés, avec les repentis : Thelma Croft, une patiente de l’hôpital… persuadée d’être une vampire, ce qui est délicieusement ironique, et Agammemon et Pericles Baker, deux frères jumeaux attendant patiemment un mystérieux quelqu’un sur un banc, en proie à la plus grande crise existentialiste qu’il soit. Ils sortent tout droit de En attendant Godot de Beckett, ce qui est très drôle, mais aussi significatif dans un jeu qui s’interroge sur ce que cela signifie d’être un vampire, sur ce que représente l’immortalité, sa longue éternité, et de quel sens donner à nos actions.
Les liens du sang
Une nouvelle facette du mythe vampirique
Tout en respectant bien des aspects traditionnels du vampire, Vampyr donne sa propre touche à ce mythe de l’imaginaire. Comme ses célèbres prédécesseurs décrits par Stoker ou Anne Rice, Jonathan Reid est gravement affaibli par la lumière du jour, par les croix, ne peut entrer dans les églises, même si on ne sait pas si cela est scientifique ou bien une conséquence autodéterminée par ses propres croyances sur les vampires. Doué de puissants pouvoirs, il charme également ses victimes avant de les étreindre ; il peut les transformer en leur faisant boire son sang. Ses recherches médicales l’amènent également à s’interroger sur les propriétés curatives, scientifiques et réelles du sang de vampire, ce qui est un des intérêts de l’intrigue. Ainsi, le vampirisme est vu de manière également médicale dans ce jeu ; d’ailleurs, Reid s’interroge parfois sur son état de mort-vivant de manière rationnelle, se demandant si certains « fantômes » vus par des personnes ne sont pas en vérité des vampires rendant visite aux vivants. Il sera même pris au dépourvu lorsqu’une PNJ, croyant à l’existence de vampires, lui demandera s’il juge possible que les vampires puissent faire l’amour ; ce à quoi il répondra, bien gêné mais encore très rationnellement, que puisque ce sont des créatures de sang…concrètement oui, même si en théorie ils n’ont plus de pulsions biologiques comme la soif ou la faim.

Cette manière de mettre en avant le sang et sa richesse « fantastique » est aussi exploitée dans le jeu à la manière de l’aristocratie anglaise. La société secrète des vampires rencontrée à un moment du jeu fonctionne comme une hiérarchie des classes sociales, le sang le plus puissant étant le leader, seuls les « sangs purs » (et les hommes uniquement !) pouvant prétendre à être accepté dans cette société secrète. Lady Ashbury, ainsi, est considérée comme un outil trop émotionnel plutôt qu’une véritable vampire. En revanche, les Skals, et d’autres créatures croisées dans le jeu ensuite, sont des formes aliénées, des erreurs, dues à des transformations de gens en vampires, par un Créateur au sang impur ou peu puissant. Il s’établit ainsi une ramification hiérarchique des vampires semblable à celle de l’aristocratie, de la bourgeoisie et des classes pauvres britanniques, mais c’est la pureté du sang ancien qui importe, et non cette fois, la richesse ou les possessions. Par ailleurs, il est sous-entendu qu’au fil de l’Histoire, certains personnages ont été bel et bien des vampires, ce qui enrichit considérablement le contexte de Vampyr tout en permettant une réinterprétation de faits historiques. Il y a d’ailleurs plusieurs allusions aussi historiques (une peinture de Vincent Van Gogh représentant Lady Ashbury) que littéraires dans le jeu – comme l’utilisation des noms de Jonathan, Renfield, H.G. Griffin, familiers aux lecteurs de Dracula ou de l’Homme Invisible. En parlant de référence… arroser une plante assoiffée, surnommée Lisa, à Pembroke Hospital vous débloquera le trophée « Unlife is Strange ».
« Cette action aura des conséquences »
L’importance des choix
Un jeu tel que Vampyr, venant des créateurs de Life is Strange, tire sa qualité de l’importance des choix faits par le joueur, et donc par Jonathan Reid. Soigner les citoyens permet d’assainir un quartier ; les tuer ou les laisser dépérir conduit le quartier à sombrer dans le chaos. D’ailleurs, à chaque étreinte d’un citoyen, Jonathan Reid entend sa dernière pensée, souvent du regret, parfois de la colère ; mais toujours de manière à faire culpabiliser le joueur pour ce choix. Quand trop de citoyens meurent, la presse relate vos exploits sanglants. Pourquoi jouer un vampire vertueux quand, par définition, un vampire est immoral et sanguinaire ? Vampyr possède quatre fins différents, deux bonnes, deux mauvaises. Vos choix de dialogues indiquent aussi un degré de bienveillance, de compréhension ou d’absence de pitié, tout comme la décision de transformer certains personnages en vampires, de les laisser mourir en humains ou de les épargner. Ces actes ont une incidence sur le caractère de Jonathan, son penchant vers le bien ou le mal, et également sur sa relation avec Lady Ashbury, personnage fort mystérieux, mais qui reste de son côté dans la voie du bien, alternant un côté classique victorien propre au XIXe siècle, et une certaine modernité.
Vampyr est un jeu vidéo qui met en scène bien des personnages différents, avec des problématiques propres, souvent tiraillés par des devoirs, des sentiments, par la réputation sociale, par des traumatismes ; certains cachent bien leur jeu, en bien ou en mal, et d’autres font preuve d’un caractère véritablement repenti, illustrant à merveille la dualité chez l’être humain. Dualisme que Jonathan Reid ressent pleinement, et mis en avant par son paradoxe de vampire médecin. La rédemption, le désir de changer, de garder son humanité, sont des axes souvent présents dans les histoires de vampires, et c’est un thème majeur de Vampyr. Jonathan ne cessera de vouloir combattre l’épidémie par vocation, et de traquer son Créateur, pour assurer que sa sœur ne soit pas morte en vain par sa faute. Il répugne à transformer qui que ce soit, car l’immortalité peut être un cadeau empoisonné, une souffrance éternelle. Le deuil et la culpabilité sont des fortes composantes du jeu. Soigner les citoyens par compassion et éthique, ou les saigner pour le pouvoir et la soif de sang ? Épargner ce chasseur de vampires pour lui apprendre qu’on n’est pas forcément un monstre, parce que vampire, ou au contraire le transformer en ce qu’il hait, par pur sadisme ? Étreindre ou non ces PNJ pour lesquels on se prend d’affection après en avoir tant appris sur eux ?

Ayant joué une partie vertueuse avec Jonathan, et ayant obtenu la meilleure fin, j’ai progressé lentement et parfois difficilement face aux ennemis, car le droit chemin est toujours, philosophiquement parlant, le plus long, le plus ardu, contrairement au mal, plus séduisant, plus rapide, plus facile. Après la fin du jeu, en relançant une sauvegarde précédente pour avoir des trophées supplémentaires en jouant au « mauvais vampire », j’ai constaté qu’effectivement, un Jonathan qui se laisse aller à ses mauvais instincts est plus agressif et cruel, voire sournois, jouissant ouvertement de sa puissance. Une seconde partie en tant que méchant ne doit pas être dénuée d’intérêt, même si je pense que le potentiel des choix et conséquences aurait pu être encore plus développé, tout comme le jeu en lui-même aurait pu aller encore plus loin dans ses thèmes et son implication.
Mais, comme dans Life is strange d’ailleurs, la fin véritablement satisfaisante ne s’obtient qu’en choisissant l’altruisme, la rédemption et la guérison, et non en privilégiant l’égoïsme et le pouvoir. Au joueur de décider, au cours d’un jeu qui laisse parfois un peu mitigé, mais qui a un potentiel riche, s’il fera de Jonathan Reid un héros doux-amer, ou un champion déchu.
Excellente critique. Malgré certains défauts, le jeu bénéficie vraiment d’un travail soigné sur son lore et les personnages qu’on croise. Je vais pas tout répéter parce que tu as parfaitement mis en valeur cette qualité. Alors même si c’est pas un GOTY et que je vais probablement pas multiplier les parties, j’ai vraiment aimé déambuler dans ce Londres post grande guerre et jouer Reid.
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L’atmosphère et les personnages secondaires sont incontestablement le grand intérêt de Vampyr, et le fait de pouvoir se balader dans un Londres avec une telle ambiance. Après, Reid et Ashbury sont intéressants, mais pas aussi passionnants que d’autres PNJ. Pour la plongée dans un univers riche, le jeu a été très bon, même si cela ne fait pas tout.
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Le bémol que je mettrais sur l’écriture, c’est que par moments ils accélèrent d’un coup l’histoire (notamment pour les interactions entre Reid et Ashbury – et je suis d’accord qu’ils semblent un peu moins vivants que d’autres persos – ce qui m’a un peu désarçonné à une ou deux reprises).
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Oui, tout à fait, leur relation va un peu vite et arrive d’un coup. Leur manque d’émotions apparente m’a aussi désarçonnée, mais j’ai mis cela sur le compte de les différencier totalement des vivants, ce qui apparaît notamment quand on va voir la mère de Reid.
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C’est fou ce que l’histoire de ce jeu a l’air complète et travaillée. À la lecture de cette excellente critique, j’en ai presque envie de le découvrir par moi-même. Dommage que d’après ce que j’ai compris à l’époque de sa sortie, la réalisation ne suive pas vraiment. En tout cas, même si le jeu te laisse visiblement un arrière goût mitigé, il a l’air de t’avoir captivée, et c’est plutôt une bonne chose !
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Oui, l’histoire est très travaillée et riche en détails historiques. J’aimerais pouvoir en dire autant du gameplay, des combats ou des animations de visage, mais ce n’est pas vraiment le cas. Il a de bonnes qualités tout de même, de bons thèmes, mais il est clairement perfectible pour être véritablement marquant et entraînant de bout en bout. Mais l’atmosphère, les histoires des PNJ à découvrir en valent la peine…tout comme le côté vampirique !
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Passionnante réflexion sur Vampyr, tu me l’as d’ailleurs rendu sympathique alors que j’ai abandonné le jeu après cinq heures à cause de mécaniques qui m’énervaient tout particulièrement. Je pense à son système de combat, mais aussi et surtout au choix de rendre le chemin plus ardu pour un run « pacifique ». Si cela est une excellente idée, la manière l’est un peu moins, avec un jeu qui devient extrêmement punitif (peu d’évolution du personnage) et parfois franchement éreintant (devoir veiller sur tout le monde, tout le temps).
Mais je reconnais volontiers le formidable travail effectué sur l’ambiance et lore, le problème se situant plus du côté d’un gameplay pas franchement maîtrisé.
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Il est clair qu’il faut persister pour aller au bout du jeu. J’ai moi-même bien pesté à des morts trop successives (parfois contre de bêtes ennemis dans les rues), du manque de puissance, et à cause de la manip. Rendre le chemin ardu était une bonne chose, mais de manière aussi lente, ça énerve assez vite, en effet, tout comme les nombreux aller-retour à faire entre quartiers (le déplacement rapide n’aurait pas été de refus). Le jeu mérite le côté sympathique et fouillé, mais aurait pu être encore mieux. En tout cas, il a un bon potentiel, une belle richesse, malheureusement gâchée par la maniabilité.
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Après, je chipote, hein, mais pour ce qui est romance d’époque, je suis difficile (c’est ça quand on s’est infusé les Austen, Bronte sisters, Nord et Sud, et j’en passe ^^).
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Je pense que c’est l’une des plus belles critiques de Vampyr que j’ai pu lire sur la toile. Bravo ma chère Hauntya, tu as bien creusé le sujet ! Je n’ai rien d’autre à ajouter si ce n’est que ce titre me fait penser à une autre licence réputée de Focus Home, à savoir Sherlock Holmes. J’imagine qu’il doit y avoir des références et easter eggs dans le jeu, puisque tu évoques le quartier de Whitechapel (où se cache notre copain Jack l’éventreur) et le Pembroke Hospital. Cela ne m’étonnerait pas que les derniers jeux Sherlock Holmes ait servi de base aux développeurs de Vampyr en matière de création de l’environnement. D’ailleurs je te les recommande ils sont vraiment pas mal !
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Merci beaucoup Eric pour tes mots ! 🙂 Alors, comme ça de mémoire, je ne me souviens de pas de références à Sherlock Holmes au cours de Vampyr, mais ce n’est sûrement pas impossible…peut-être y compris dans des affiches ou détails du décor que je n’ai pas fouillés ! J’ai le jeu Sherlock Holmes : The Devil’s Daughter qui attend que je l’étrenne depuis un moment (j’avais déjà fait la 1ere enquête) et le rendu était plutôt sympa !
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Passionnante et riche chronique que je découvre tardivement ! Je ne sais pas si j’aurais la patience de lutter et de persévérer s’il faut mourir à chaque coin de rue, mais ta chronique m’a fascinée tout comme les chemins possiblement empruntés par le personnage !
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Oh, merci beaucoup, vraiment ! En y repensant, je crois que je me suis arrachee les cheveux sur certains passages, mais quelle satisfaction d’arriver au bout…néanmoins je trouve que c’est bien punitif comme système. Le jeu est en tout cas très riche en thématiques et personnages si on s’y laisse prendre.
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J’imagine bien la satisfaction ! J’abandonnerais probablement un tel jeu, je ne suis pas une vraie gameuse qui aime les jeux difficiles offrant un véritable challenge. Je préfère être emportée dans un univers, la difficulté est finalement accessoire. D’où l’intérêt de vivre le jeu par procuration via un article aussi développé !
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Je comprends totalement ! J’avoue renoncer parfois aussi en voyant certaines difficultés…
Et je suis très heureuse que mon article t’ait ainsi permis de vivre le jeu ! C’est génial.
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