Tales from the Loop | Quand la poésie se mêle à la science-fiction

Dans l’Ohio, une petite ville abrite un complexe scientifique chargé de répondre aux mystères de l’univers et de rendre possible ce qui est impossible : le Loop. Mais cette étrange machine n’est qu’un prétexte de fantastique et de science-fiction pour mieux observer l’âme humaine. Tales from the Loop, série créée par Nathaniel Halpern et basée sur l’univers graphique du suédois Simon Stalenhag, explore les répercussions de cette machine sur la vie de ses habitants au gré de huit épisodes (plus ou moins équilibrés) pensés comme des courts-métrages existentiels.

Tout d’abord, la série désoriente un peu. Chaque épisode change de narrateur, bondissant à un personnage qu’on pouvait croire secondaire, et pourtant lié au précédent par le lien de l’amitié ou du sang. Il faut y entrer en ayant conscience que la série ne répondra ni aux pourquoi, ni aux comment des questions qu’on se pose, si ce n’est par des liens subtils entre chaque moment de la vie dans cette ville, et encore. La beauté et la subtilité de Tales from the Loop reposent dans ses plans poétiques, accordant une grande place à la nature envahie par des constructions scientifiques au but inexpliqué, à ses rares répliques qui résonnent d’une heure à une autre, à la chute de chaque épisode. Ceux-ci sont ainsi vraiment pensés comme des nouvelles ou des court-métrages implicites, présentant un potentiel, un mystère, avec une résolution souhaitant passer une réflexion sur la condition humaine.

Ce plan en particulier m’évoque beaucoup les tableaux de Edward Hooper, cherchant lui aussi à créer des ambiances et sentiments existentiels.

Qui n’a jamais rêvé qu’un instant soit éternel ? D’échanger sa vie avec celle d’autre ? Fantasmé sur l’image de quelqu’un ? D’explorer le mystère derrière une légende urbaine effrayante ? Autant de points de départs qui se mêlent à des thématiques aussi diverses que le deuil, le temps qui passe, les liens familiaux, le souhait de protéger sa famille, la maternité, le désir de trouver l’amour ou de capturer l’essence d’un moment, d’un être. Et si au premier abord la série semble surtout anthologique, chaque fil rouge se rejoint par un personnage, une phrase ou une image, parfois à deux ou trois épisodes d’écart.


En dire davantage sur l’intrigue des épisodes serait gâcher la découverte de la série. Les mystères fantastiques et temporels qu’elle met en scène ne sont qu’une manière de regarder la vie et les souhaits de ses personnages, campés par un casting authentique et brillant (Jonathan Pryce, Rebecca Hall, Paul Schneider…). Tales from the Loop parle surtout d’humanité, de moments précieux, enrobés d’un écrin de paysages naturels et oniriques. La contemplation s’y mêle au regret et à l’espoir, dans un rythme volontairement indolent et avare en paroles.

Si cette narration lente et mystérieuse ne sera pas au goût de tout le monde, elle a le mérite de poser le temps suspendu de cette ville alternative des années 80, de laisser l’interprétation, l’émotion, à la sensibilité de chacun. Les musiques minimalistes si appropriées de Philip Glass et de Paul Leonard-Morgan accompagnent merveilleusement la série, devenant un personnage empreint de sentiment à part entière. Tales from the Loop est un voyage poétique, un joli espace de respiration qui transporte ailleurs, et dont le dernier épisode aura peut-être le don de vous faire verser quelques larmes. Blink of an eye.

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6 réflexions sur “Tales from the Loop | Quand la poésie se mêle à la science-fiction

    1. Tales from the loop est aussi doux et rétro que Black Mirror est futuriste et déprimant, ahaha ! Deux ambiances complètement différentes, et Black Mirror cherche à nous avertir, à montrer des travers, alors que Tales from the loop préfère montrer des conséquences et éventuellement les leçons qu’on en tire. Merci !

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