Lectures de septembre 2020

Jazz à l’âme – William Melvin Kelley

Ludlow Washington est né aveugle. Son père l’abandonne dans une institution spécialisée, rude et sinistre, où il commence à exploiter son seul talent : la musique. Un talent qui le propulse au sud des Etats-Unis, faisant travailler Ludlow pour un café, avant que son génie ne le pousse à conquérir New York.

Jazz à l’âme est un roman qui aurait pu aisément me plaire, de par son narrateur atypique (des héros avec un handicap physique ou mental, ce n’est pas dans tous les bouquins), l’ambiance de musique dans un New York d’une certaine époque, l’engagement contre le ségrégationnisme… Ces points m’ont séduite, car le roman est empreint d’un amour certain pour l’art, d’une vie effrénée pour un narrateur qui ne sait pas où trouver sa place. Cela permet un récit initiatique où l’on ressent pleinement l’enfance meurtrie et volée du héros, sa quête de repères pour devenir adulte et avoir une vie remplie d’art et d’amour. Une quête où il finira les ailes brûlées, après avoir trop voulu tout posséder, de la célébrité à la musique. Mais, et cela est sans doute dû au contexte d’écriture dans les années 60, Ludlow fait preuve notamment au début d’une vision sur les femmes et les relations homme-femme assez désastreuse, uniquement intéressée et corporelle, voire un peu misogyne. Ce genre de point de vue, surtout s’il est « justifié » par les ressorts de l’histoire ou d’une époque de publication, ne me fait généralement pas tiquer, mais ici, cela m’a amenée à ne pas du tout aimer le personnage et me l’a rendu peu supportable, retentissant ainsi sur l’intérêt porté au roman.

Harley Quinn Breaking Glass – Mariko Tamaki & Steve Pugh

Âgée de quinze ans, Harleen Quinzel débarque à Gotham pour vivre chez sa grand-mère. Cette dernière étant décédée, elle est recueillie par Mama, une drag-queen. D’un tempérament énergique et rebelle, la jeune fille va vite rencontrer au lycée la future Poison Ivy, et dans les rues de Gotham, un certain Joker…

Après l’excellent Harleen, Breaking Glass offre lui aussi une excellente relecture en proposant une Harley Quinn adolescente, terriblement vive, pétillante et délurée. Au fil de l’histoire (et sans que cela soit forcément dû à l’influence du Joker), on voit les petites touches qui la mèneront à devenir Harley Quinn, en passant par son surnom, son costume, ses armes ou encore son caractère lunatique et insouciant. Si le dessin de Steve Pugh m’a un peu rebutée au premier abord, utilisant des couleurs bleues froides transpercées de tonalités rouges, vertes ou violettes selon le personnage prenant place dans la planche, après coup, je le trouve d’autant plus pertinent et magnifique avec cet usage soigné des contrastes. Comme pour Harleen, voilà un récit qui me réconcilie avec cette super-méchante de comics, en montrant d’elle une vision adolescente, terriblement enjouée, imprévisible et pourtant mature, questionnée par son identité en devenir et son oscillation entre anarchie et volonté pacificatrice. Le comics véhicule une véritable joie et énergie que j’ai rarement ressenties en lisant une BD !

Les métamorphoses – Camille Brunel

Dans un futur proche, sans raison scientifique apparente, des hommes et des femmes se métamorphosent en animaux. Bientôt, la population devient de plus en plus animale, sans aucune conscience, et l’humanité semble vouée à disparaître.

Un des romans de la rentrée littéraire, qui se lit assez bien et avec intérêt, mais duquel je suis ressortie avec un sentiment de « tout ça pour ça ». Il y a une vision pessimiste de l’humanité dans ce roman où tout le monde finit transformé, peu importe sa manière de vivre, laissant la nature regagner ses droits sur une humanité trop dominante et prétentieuse. C’est un peu la manière de voir de l’héroïne, qui observe ces changements avec placidité et fatalisme, elle-même opposée à la maltraitance animale, ultra connectée sur les réseaux sociaux et peu proche des autres membres de l’humanité. L’ouvrage n’est sans doute pas dénué de réflexion sur la place de l’homme face aux animaux et on sent d’ailleurs que l’auteur a un réel engagement sur cette prise de position, mais comme le tout est pessimiste et avec une morale donnée dès le début, la lecture a été plutôt moyenne pour moi. A noter que le roman est dit comme « ne versant jamais dans le fantastique » malgré les métamorphoses animales, mais ici, ce mécanisme ayant une raison scientifique (une maladie avec des premiers symptômes identifiés), c’est au moins de la science-fiction, n’ayons pas peur des mots…

Des baisers parfum tabac – Tayari Jones

James Whiterspoon est bigame. De ce fait, il partage sa vie entre deux femmes, deux familles, deux filles : Dana et Chaurisse. Par le biais de leurs points de vue, c’est l’histoire de ce mensonge, de cette double vie qui est dévoilée, avec les précautions que cela implique, les secrets, les chantages, et l’effondrement que cela produit quand les deux mondes se croisent.

J’avais eu un vrai coup de cœur pour Un mariage américain, le quatrième roman de l’auteure. Des baisers parfum tabac est son deuxième (et le deuxième traduit en français), et je redoutais un peu de ne pas l’apprécier autant, ayant commencé par un roman plus mature au niveau du style. C’est effectivement ce qui est arrivé : j’ai moins accroché à l’histoire de Des baisers parfum tabac en général, moins été séduite et empathique avec les personnages, malgré le talent certain de l’autrice pour proposer ces points de vue en alternance, qui permettent toute la complexité et la subtilité d’une histoire. Cela ne m’a pas empêchée de lire le roman avec un certain intérêt, d’autant qu’il est fortement empreint, encore une fois, d’une époque américaine particulière, d’une vision Afro-américaine (ce qui change des protagonistes habituels caucasiens), et que cette façon de jongler avec deux vies pour Dana, celle au courant de l’existence de l’autre famille, est tout de même saisissante. On assiste à sa rancœur, sa jalousie, son sens de l’injustice et de l’illégitimité, son sentiment de toujours passer derrière l’autre enfant « prioritaire », de ne jamais avoir les mêmes droits, en dépit d’une mère battante qui fait tout pour elle. Le point de vue de Chaurisse, plus tardif, n’en est pas moins intéressant, puisque c’est à ce moment que les deux jeunes filles se croisent, ce qui ne se fera pas sans fracas. Ce sont de beaux portraits de femmes et de familles écrits avec une plume psychologique et pertinente.

La nuit est mon royaume – Claire Fauvel

En banlieue, Nawel rencontre Alice. Les deux adolescentes, d’abord opposées, se réunissent par une même passion : la musique. Elles créent leur propre groupe, partent étudier à Paris, en total décalage avec leur milieu d’origine. Un premier festival leur permet de révéler leur groupe au grand jour. Et puis la vie déraille, avec le rejet de la famille de Nawel face à une vie de musique a priori vouée à l’échec, le doute de la jeune femme sur son propre art…

La nuit est mon royaume est une bande dessinée qui se révèle vite assez poignante, transportée d’énergie et de sensibilité. Je ne m’attendais pas à l’aimer autant à la lecture, ni même à son histoire dont je ne savais pas grand-chose. En dessinant les débuts dans la musique de Nawel, personnage plus principal qu’Alice, Claire Fauvel n’évoque pas que l’art qui déborde des tripes pour exprimer ce qui nous frappe au cœur et nous révolte, c’est aussi le portrait d’une jeune femme qui ne croit plus en la religion enseignée par sa famille, qui rêve de musique mais est confrontée à la réalité, même dans ce milieu, qui vit les pièges et les envolées de la vie, tout simplement. En plus d’une centaine de pages, l’auteure nous parle de la famille, de l’amitié, de la précarité, du passage à l’âge adulte, de la dépression ou de la trahison. Cette bande dessinée est donc une très jolie surprise, portée par son héroïne, par la poésie et l’énergie qui parcourent tant les dessins que les dialogues.

Vigilance – Robert Jackson Bennett

En 2030, la société américaine a vu ses jeunes s’expatrier, et les autres habitants rester, pris au piège d’une peur de l’autre, d’une habitude des armes et des tueries de masse. Vigilance est le maître mot d’une nation qui doit pouvoir se défendre coûte que coûte, et pour qui les plus négligents sont méprisés, indignes de la société, indignes de se protéger eux ou leur famille. Si bien qu’on assiste à des « Vigilances », des émissions de tuerie de masse en direct, dans des quartiers spécifiques, où des candidats doivent tuer tous ceux d’une zone, ou bien être tués – moyennent finance à la clé pour le vainqueur. De l’argent, récolté par les publicités qui seront diffusées au gré de cette émission de « télé-réalité » meurtrière.

La novella de Robert Jackson Bennett frappe fort avec des thèmes qui ne pouvaient appartenir qu’aux dérives de la société américaine. Le citoyen lambda est déjà autorisé à avoir des armes, dans une société où les tueries sont devenues fréquentes. Comme s’étonner alors qu’on fasse de l’argent dessus, tant ces tueries « fascinent » par l’horreur qu’elles proposent ? L’auteur exploite les travers déjà existants d’une société en les poussant à l’extrême, quitte à maquiller parfois virtuellement à la diffusion en direct certains civils qui ne font pas assez américains… Au milieu d’une Vigilance (dont on voit l’orchestration du côté de la société l’organisant), on a aussi le point de vue d’une jeune femme qui a décidé de se détourner de cette horreur, quitte à énerver les habitués du bar dans lequel elle travaille, qui sont eux tous pour la Vigilance en cours. C’est une violente critique des armes, de l’extrême américain qui pousse à se défendre même contre des innocents, contre le racisme et la xénophobie, de l’utilisation des réseaux sociaux, des fake news, au point même d’oublier la réalité extérieure. C’est une vision cauchemardesque de l’Amérique, mais qui plonge ses racines assez profondément dans la réalité pour donner un récit de science-fiction crédible faisant froid dans le dos… avec, encore une fois, une chute assez inattendue.

A noter que j’ai également lu Les agents de Dreamland de Caitlin R. Kiernan, également publié chez le Belial : très honnêtement, ne connaissant que de loin l’œuvre de Lovecraft, je me suis retrouvée déconcertée devant ce récit complexe y puisant ses références et inspirations. Je ne m’y connais simplement pas assez pour en faire une critique valable, car même si le récit est lisible quoique exigeant dans ses lignes temporelles (et que j’aime le style de son auteure), je pense être passée à côté.

Les abysses – Rivers Solomon

A l’époque du commerce triangulaire d’esclaves noirs, quand une femme enceinte tombait à la mer, son enfant devenait alors un Wajinrus, un ou une sirène. Des décennies plus tard, les rescapés sont devenus un groupe, une société à part entière, mais qui conserve les souvenirs de son histoire par l’intermédiaire d’un historien, ici Yetu. Mais la jeune femme, dévorée par les souvenances de son peuple dont elle ne se délivre auprès des siens qu’une fois par an, souhaite acquérir sa propre identité, sa propre vie. Elle s’enfuit pour découvrir le monde des humains, laissant son peuple livré à la douleur de l’Histoire.

Les abysses, dans son principe et la manière dont un Historien garde la mémoire d’un peuple devenu ignorant du passé, n’est pas sans rappeler Le Passeur de Lois Lowry. Mais on retrouve aussi dans ce texte les thèmes chers à Rivers Solomon : les conséquences du racisme, le devoir de mémoire, la fluidité des genres et des sexualités, la sensation de marginalitéLes abysses est bien moins difficile à lire que l’Incivilité des Fantômes de la même auteure, mais j’en ai été moins convaincue. Peut-être que l’histoire me parlait moins, ou que les similarités avec le Passeur me dérangeaient. Il n’empêche que c’est un roman aux thèmes intéressants, original dans son peuple de sirènes mais aussi dans la manière dont Yetu se confronte ensuite à quelques humains, avec une attirance émotionnelle envers le/la dernièr-e descendant(e) d’une tribu terrestre, qui lui/elle, donnerait tout pour garder l’Histoire de son peuple à jamais. C’est aussi une réflexion sur l’identité et ce qu’on souhaite garder de son propre passé, la dualité entre vivre sa propre existence pour soi ou choisir d’honorer des traditions ancestrales.

La petite dernière – Fatima Daas

Un des autres premiers romans de la rentrée littéraire, qui est en vérité plutôt un récit autobiographique : des petits monologues commençant tous par « Je m’appelle Fatima Daas » pour raconter par fragments, les trente ans de vie d’une jeune femme musulmane, coincée entre sa famille, sa religion, ses traditions, et son envie de vivre, de questionner les contradictions, d’aimer les femmes. Ces morceaux de texte parlent autant de la vie de banlieue que de la vie de générations d’aujourd’hui, où parler et communiquer en famille est tabou, où exprimer ses sentiments est quasiment impossible, avec toutes les répercussions que cela a sur la vie d’adulte et les relations avec les autres. Un des autres intérêts de ce livre, c’est le rapport de l’autrice à sa foi, sa quête de réponses pour concilier sa religion et ses valeurs au quotidien, quitte à parfois se renier ses souhaits de vie pour un temps. Elle cherche aussi à trouver sa place, elle la petite dernière que ses parents auraient souhaité être un garçon, elle qui à trente ans ne sait pas faire la cuisine ou nettoyer, tant ces tâches ont toujours été réservées à sa mère. Récit autobiographique plutôt qu’autofiction, au moins le pacte est honnête, et les visions de Fatima Daas intéressantes à découvrir, même si je n’ai pas adhéré à son texte plus que cela.


14 réflexions sur “Lectures de septembre 2020

  1. Eh bien je ne suis pas du tout à jour avec cette rentrée littéraire, je n’avais vu passer que « Les Abysses » ! Mais tu m’intrigues beaucoup avec « des baisers parfum tabac », qui a l’air d’avoir beaucoup d’arguments pour me plaire. 🙂 Joli mois d’octobre à toi !

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    1. Et encore, j’en ai d’autres à lire/tenter de lire héhé ! J’aime énormément le style de Tayari Jones, elle est vraiment douée pour donner des points de vue différents avec subtilité et psychologie (en plus le point de vue d’une minorité)… Beau mois d’octobre à toi aussi !

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  2. Dommage pour Jazz à l’âme, mais difficile de s’attacher à un personnage misogyne même si on peut comprendre certaines choses avec le contexte historique…
    Harleen me tente terriblement comme Les abysses même si le roman t’a un peu moins convaincue qu’un autre titre de l’autrice. Par contre, tu me rassures en soulignant qu’il est plus accessible que L’Incivilité des Fantômes dont j’ai lu quelques avis mitigés…
    Je te souhaite un bon mois d’octobre 🙂

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    1. Je ne saurais dire pourquoi ça m’a perturbée cette fois, d »ordinaire ça m’est égal si c’est justifié, mais là… Harleen est un vrai coup de coeur ! Les Abysses est clairement plus accessible que l’Incivilité des fantômes. Ce dernier est très intéressant et engagé, mais complexe dans sa narration. On est troublé par le point de vue de l’héroïne, qui est autiste et qui donc a parfois une vision/un récit biaisé qui peut paraître non fiable ou pas toujours compréhensible. Non pas que ce ne soit pas bien d’enfin représenter un personnage aussi atypique, mais la lecture en devient plus compliquée et déstabilisante en effet. Les Abysses, même s’il met encore en avant des personnages atypiques et pas du tout normés, fait presque plus « récit initiatique » et est donc plus simple à lire.
      Je te souhaite aussi un excellent mois d’octobre ! Merci de ton passage !

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  3. C’est marrant car dans toutes les relectures d’Harley Quinn on retrouve Poison Ivy (alors qu’il me semble qu’en vérité elles sont très éloignées l’une de l’autre dans l’histoire originale de Batman). C’est également le cas dans les comics Birds of Prey où elles sont amies pour la vie ! D’ailleurs je te recommande le volume qui est dédié à Harley Quinn il est super bien dessiné et déjanté !

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    1. Oui je trouve ça très intéressant aussi ! Je me demande bien qui a commencé à les faire se rapprocher et qu’ensuite elles sont devenues des amies fidèles… Ça doit être intriguant cette évolution ! Merci pour le conseil, je vais y jeter un coup d’oeil, maintenant que j’ai commencé à me réconcilier avec le personnage !

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  4. Eh bien ! Une belle diversité d’ouvrages ! Au delà de rédiger un synopsis à ta façon, ta courte analyse n’est qu’un argument supplémentaire à découvrir ces oeuvre et c’est extrêmement plaisant. Il faudrait que je lise tes autres articles sur tes lectures mensuelles ça pourrait m’aider et me donner envie de lire autre chose que du Chattam et du King ahah (Je lis en ce moment le Signal de Chattam, il est effrayant.) Je viens de me souvenir que je ne peux toujours pas lire ton article sur The Last Of Us, vivement que je me le fasse !
    Prends soin de toi Hauntya, au plaisir de te lire !
    Ju’

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    1. L’avantage d’être bibliothécaire, même si je ne tombe pas toujours sur des coups de cœur. 🙂 J’espère que tu pourras avec ces courtes critiques trouver de quoi faire ton bonheur ! J’aime bien King, je n’ai jamais lu Chattam, mais niveau horreur et noirceur y a de très bons livres ! (Joe Hill notamment)
      Prends également soin de toi et merci de tes passages par ici !

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  5. Les métamorphoses a l’air vraiment particulier, ce n’est pas pour moi ^^
    Tu donnes envie de lire Des baisers parfum tabac, même si je trouve que le sujet abordé n’est pas évident.
    Sinon, j’avais repéré La petite dernière mais je ne suis pas sûre que l’écriture par fragments me convienne !

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    1. Les métamorphoses ne vaut pas vraiment le détour, selon moi. Pour Tayari Jones, je préfère quand même largement Un mariage américain, mais elle a le mérite de s’attaquer à des sujets complexes et qui divisent, à chaque livre. L’avantage de La petite dernière, c’est qu’il se lit très vite… pas forcément pour un achat, mais une bibliothèque près de chez toi l’a, ça peut valoir le coup d’oeil.

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