Lectures d’octobre 2020

Pour information, j’écris depuis un mois également sur le site Pod’Culture, où toute une équipe aborde des sujets de la pop culture par des articles, podcasts et vidéos. Je vous invite vivement à aller y faire un tour !

Liv Maria – Julia Kerninon

Liv Maria Christensen grandit sur une île bretonne. Suite à une presque agression, ses parents l’envoient à Berlin pour la changer d’environnement. A 17 ans, elle y poursuit sa scolarité, tombe amoureuse de son professeur d’anglais avec lequel elle vit une relation courte mais passionnée. Puis le professeur disparaît. Puis les années s’écoulent et les aventures d’une vie avec, marquée par ce premier amour intense. Et quand Liv Maria commence à fonder une famille, elle demeure toujours aussi insaisissable pour ses proches.

J’avais déjà entendu parler de l’autrice pour le roman Ma dévotion, j’ai pris finalement le parti de la lire avec ce livre de la rentrée littéraire. La première chose marquante de Liv Maria, c’est la fluidité du style, grâce auquel les passages défilent toutes seules, avec une limpidité d’écriture et une grande finesse pour nous décrire la vie et la psychologie de l’héroïne. Car oui, difficile de résumer l’histoire de Liv Maria, c’est essentiellement sa vie, et surtout, ce sont les différentes strates de son existence accumulées au fil du temps, cette sensation de vivre des centaines de vie en une seule, ou d’explorer des âges auxquels on se sent une personne totalement différente. Liv Maria est plusieurs personnages en une vie, c’est ce qui rend son personnage intéressant, permettant d’esquisser toutes les possibilités d’être une femme, toutes les facettes d’une personnalité. De jeune fille étudiant à Berlin jusqu’à femme d’affaires en Amérique, tenancière d’un café ou d’une librairie, mère de famille en Ecosse… Liv Maria est un hommage à toutes les années et tout ce qu’on peut être dans une vie, avec un personnage finement décrit, pour lequel il est peut-être difficile de se prendre d’affection, mais qui nous rappelle toutes les personnes qu’on a été à différentes époques de nos vies.

Rouge – Pascaline Nolot

Malombre est un petit village entouré par une sombre forêt. Un village de superstitions où vit Rouge, jeune fille défigurée par une sombre tache sur la moitié de son visage : les habitants refusent de l’approcher ou de lui parler, de la toucher, de peur d’être maudits à leur tour. Comme le veut la tradition, Rouge doit aller dans la forêt pour rejoindre l’inquiétante Grand-Mère ; et comme les autres filles avant elle, elle ne risque pas d’en revenir…

Relecture du Petit Chaperon Rouge, des contes et de leurs personnages en général, Rouge porte en son cœur une sacrée empreinte gothique. C’est sombre, très sombre, et le roman aborde nombre de sujets matures et difficiles, dans un style qui n’épargne pas une certaine vision graphique et qui flirte entre le réel et le fantastique. Pascaline Nolot a donné à son écriture une connotation moyenâgeuse pour mieux refléter l’aspect conte de son histoire, mêlant aussi bien de la poésie macabre que de la cruauté dans ses mots. Rouge se lit extrêmement vite tant la dynamique du texte est réussie, tant on veut savoir ce qu’il advient de son héroïne et tant les rebondissements sont intéressants et inattendus. Si l’histoire est clairement ancrée dans une époque, les problématiques soulevées n’en sont pas moins contemporaines, parlant de la place des femmes, de la peur et du rejet de l’autre, de la quête identitaire, de l’hypocrisie religieuse… avec un mot d’ordre : ne jamais se fier aux apparences dans ce récit. Car les personnages réservent bien des surprises et sont toujours plus fouillés qu’ils n’en ont l’air. Je suis bien incapable de mettre les termes exacts sur ce qui m’a tant plu dans ce livre dévoré en une journée, mais il est fascinant, terriblement sombre, intelligent dans sa relecture des contes et des archétypes, et très immersif.

Serpentine – Philip Pullman

Lyra repart dans le Nord en suivant une expédition universitaire. L’occasion pour elle de retourner sur les lieux de ses anciennes aventures…

Si j’ai parlé en détail de ma lecture de la Communauté des esprits ici, je n’ai pas beaucoup évoqué Serpentine. Nouvelle d’une cinquantaine de pages, formidablement illustrée par Tom Duxbery dans un style évoquant la gravure, c’est aussi la première fois que je relis en anglais depuis des années. Pour un si court récit, cela ne pose pas de problèmes particuliers. C’est émouvant de voir Lyra revenir sur d’anciens endroits de ses aventures, de la voir se remémorer certains événements et personnages. Mais au cœur de cette nouvelle, ce sont ses relations avec Pan qui prédominent, leurs difficultés à se retrouver après les événements du Miroir d’Ambre, mais leur complicité toujours présente, les réflexions sur ce qu’implique leur lien. La nouvelle préfigure donc La communauté des esprits, avec un sentiment doux-amer en pensant à ce qui se passera ensuite. Mais c’est en tout cas la douceur d’un court voyage avec des personnages adorés qui domine.

Mes ruptures avec Laura Dean – Mariko Tamaki & Rosemary Valero O’Connell

Freddy est en couple avec la fille la plus populaire de son lycée, Laura. Plus ou moins en couple, car Laura ne cesse de la quitter, réduisant l’estime de Freddy à néant, pour un meilleur renouveau quand Laura revient vers elle au gré de ses humeurs…

Scénarisée par l’autrice également derrière Harley Quinn Breaking Glass, Mes ruptures avec Laura Dean démontre les capacités de Mariko Tamaki à parler de l’adolescence, de ses sentiments exacerbés et de ses brutales chutes. C’est évidemment une relation toxique entre les deux jeunes filles, avec une Laura volage qui revient quand bon lui semble, et une Freddy qui demeure incapable de se défaire de son amour pour elle en dépit des bas subis. C’est surtout de cela dont traite la bande dessinée, et des conséquences de cette relation de premier amour sur Freddy, complètement perdue, mais aussi sur ses amitiés qu’elle néglige, et sur la manière dont elle devra apprendre à s’en sortir. La thématique est abordée finement, sans clichés ou jugements par le biais de pages joliment colorées, retraçant bien tout le chaos de contradictions qu’on peut éprouver adolescent et dans ce genre de relation toxique.


12 réflexions sur “Lectures d’octobre 2020

    1. Ah, moi-même je n’en aurais pas entendu parler sans la blogosphère ! En tout cas j’ai été charmée, je ne m’y attendais pas spécialement, c’est sombre et graphique parfois, mais la relecture est bien trouvée et les thèmes actuels.

      Aimé par 1 personne

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