Retour aux découvertes musicales des derniers mois, même si j’en oublie certaines qui ont fini par cesser de tourner en boucle, comme l’excellente bande-son du film Tick, tick…boom ! (Pour les amateurs de comédie musicale et de biopic, ici sur la vie de Jonathan Larsen). Spotify et ses découvertes de la semaine ont mis sur ma route le groupe Burn the Ballroom, dont certaines chansons rock sont très plaisantes – ils ont même fait une reprise très honorable de The show must go on de Queen. Mais les deux coups de coeur vont aux pistes Whisper et Kiss Me You Animal. Si Whisper est clairement engagé et à charge contre un christianisme hypocrite, il possède aussi une énergie et une force débordantes. De même, Kiss Me You Animal possède la même dynamique dans sa version originale, avec un clip fleurant bon l’hommage aux cirques et aux histoires de vampire. Mais j’ai une légère préférence pour cette version totalement épurée de musique et qui laisse admirer la puissance de la voix du chanteur, Adriel.
Dans un tout autre registre, j’ai énormément aimé le film Encanto – la fantastique famille Madrigal et son histoire de famille hantée par un passé traumatisant. Lin-Manuel Miranda étant aux commandes de la musique, il n’est pas étonnant que l’excellente chanson Ne parlons pas de Bruno ressemble terriblement au final d’un premier acte de comédie musicale. Cependant, j’ai aussi un petit coup de coeur pour Sous les apparences, illustrant le personnage fort et faillible à la fois de Luisa, capable de trébucher malgré le pouvoir de force dont elle dispose. Quelque part, c’est aussi un hommage à tous les rôles de grande sœur du monde, ce qui rend la chanson encore plus touchante.
The Nearly Deads est encore un groupe découvert par le hasard de Spotify, avec la chanson Freakshow – à croire que j’ai beaucoup trop mis en favoris des musiques parlant du cirque et des freakshow ! Même si finalement, la chanson ici parle beaucoup plus de démons intérieurs et de la pression des apparences, je la garde en boucle pour son rythme entraînant et la voix aussi fluide qu’agréable de la chanteuse.
J’ai sans doute déjà dû dire dans un autre Musiques du moment à quel point j’ai une certaine affection pour la voix de la chanteuse Robyn Adele Anderson, à une époque l’une des chanteuses de Postmodern Jukebox (reprenant des tubes et classiques en mode jazz, swing, etc). Je garde toujours un oeil sur les reprises que la chanteuse fait à sa manière (là encore, souvent en mode jazz). Come out and play, reprise de The Offspring, a un aspect tout à fait entêtant avec sa mélodie et l’habituel bagout de la chanteuse, tant dans ses intonations que dans les envolées de sa voix.
J’ai récemment fini de regarder en entier l’excellente série Hannibal, réalisée par Bryan Fuller, préquelle explorant la vie du célèbre tueur avant Le silence des agneaux et revisitant Dragon Rouge. Curieusement, les musiques de Brian Reitzell ne restent pas forcément en tête lors du visionnage, mais elles sont pourtant bel et bien présentes, apportant plus qu’il n’y paraît à l‘atmosphère minimaliste et intimiste de la série. Elles créent un effet de pesanteur, de renvoi à la psychologie des personnages et à leurs paradoxes, quand elles n’évoquent pas également le côté très baroque du personnage d’Hannibal. Bloodfest, issu de la saison 2, exprime par exemple toute la mélancolie et la beauté de Mads Mikkelsen de la série, mais également l’âme torturée de ses personnages principaux.
Autre très bon film mélangeant thriller et fantastique vu récemment, Last Night in Soho d’Edgar Wright. Le film est porté par son esthétique et ses couleurs, entre gothique et tonalités des années 60, mais aussi par ses excellents acteurs et sa bande-son. Anya Taylor-Joy y pousse la chansonnette à quelques moments, et You’re my world est une chanson d’autant plus marquante par son aspect a priori paisible… et par le fait qu’elle soit complètement détournée dans la scène de fin.
Je n’avais pas trop suivi le fait que Florence and the Machine avait sorti un nouvel album ce mois-ci, je découvre les musiques donc peu à peu. Free a néanmoins été un petit coup de poing à la première écoute en lisant ses paroles. La chanteuse y exprime sans fard les hauts et bas des maladies mentales ou de l’hypersensibilité, de manière si simple et directe que ça fait assez mal – tout en renvoyant sans aucun doute à sa propre personnalité. Si parfois je regrette les envolées et effets plus techniques de ses premiers albums, les derniers témoignent d’une volonté d’épurer au maximum sa voix et ses mélodies. Il en ressort un côté plaisant, même si moins fascinant au premier abord.
Sometimes, I wonder if I should be medicated / If I would feel better just lightly sedated / Picks me up, it puts me down / A hundred times a day
And being clever never got me very far / Because it’s all in my head / « You’re too sensitive, » they said/ I said, « Okay, but let’s discuss this at the hospital »
Actuellement, je suis en train de jouer à Death Stranding : Director’s Cut. Il est encore bien trop tôt pour dire ce que je pense du jeu, mais je suis déjà assez charmée par ces longues marches en pleine nature pour porter des caisses d’un endroit à l’autre (sauf quand la traversée d’une rivière fait tout perdre, évidemment). Et plus encore quand ces longues marches solitaires se concluent par un magnifique panorama sur la prochaine destination, alors mis en scène par le biais de chansons comme Don’t be so serious de Low Roar, et bien d’autres encore. On éprouve un sentiment de victoire d’être si proche de but, et en même temps, un peu de paix au milieu de ce monde post-apocalyptique. Alors, j’espère que le côté chill et très zen de Don’t be serious vous parlera aussi…
Pour terminer, j’ai vu il y a peu le film Drunk avec le toujours aussi classe et magnifique Mads Mikkelsen et le film se conclut sur une scène de danse, accompagnée de la très belle musique What a life de Scarlet Pleasure. Là encore, est-ce une de ces musiques qu’on aurait retenu sans le contexte du film, ou encore une de ces pistes parfaitement choisie et qui sera à jamais associée à Drunk ? En tout cas, la version complète de What a life tourne en boucle chez moi, et les paroles sont empreintes du sentiment même d’être vivant, dans l’instant présent, chose qu’on a toujours bien du mal à faire. Mais la chanson l’exprime avec puissance, et avec une ivresse de mots et d’énergie incertaine qui convient parfaitement.
What a life, what a night / What a beautiful, beautiful ride / Don’t know where I’m in five but I’m young and alive / Fuck what they are saying, what a life (Yeah yeah)
But it makes me terrified / To be on the other side / How long before I go insane?