Bilan des lectures 2022

L’année 2022 s’est achevée ! J’ai été irrégulière cette année dans mes compte-rendus de lectures, la faute à un nouveau rythme de travail assez dense et qui, pour tout dire, a découragé l’envie de lire sereinement. Je vais cependant revenir sur les dernières lectures de 2022 (octobre à décembre) et terminer avec les coups de cœur de cette année.

Requiem pour une République – Thomas Cantaloube

En 1959, l’assassinat d’un avocat algérien et de sa famille provoque les enquêtes croisées de trois personnages bien différents : Sirius Volkstrom, ancien collabo devenu mercenaire, qui aurait éliminer l’assassin ; Antoine Carrega, ancien résistant corse chargé d’enquêter sur les meurtres ; et Luc Blanchard, jeune policier encore naïf, lancé sur une enquête manipulée dès le début.

Les romans policiers ne sont pas toujours ma tasse de thé, et il faut reconnaître que la lecture sur plusieurs semaines de Requiem pour une République, n’a sans doute pas aidé à apprécier le roman dans son ensemble. Mais c’était un plaisir, pour une fois, de tomber sur un roman policier se passant dans les années 59 à 61 en France, période bien peu connue de mon côté (et peu abordée dans les romans policiers), avec tous ses enjeux politiques et historiques, avec la trajectoire de trois protagonistes bien campés et très différents (Sirius remportant la palme du personnage favori, du fait de son histoire personnelle et de sa complexité croissante). Des petites histoires dans une Histoire, où les recherches historiques sont solides, qui permettent de recroiser des personnalités de l’époque, à un moment où elles n’étaient pas encore celles qu’on connaît aujourd’hui. Alors, même si ce n’était pas un coup de coeur, je lirai sans aucun doute le tome 2.

Les désirs flous – Dola de Jong

1939, Amsterdam. Béa, très sage et rangée, rencontre Erica, fougueuse et impulsive, par le biais d’une amie commune. Les deux jeunes femmes emménagent en colocation, chacune faisant avec le caractère de l’autre, tissant une amitié faite de hauts et de bas, de fusion et d’incompréhension… En 1954, Dola de Jong publie son roman et se heurte à la bien-pensance de l’époque, pour un roman décrivant de manière implicite et subtile un amour lesbien.

Aujourd’hui, la romance entre Béa et Erica, toutes deux se découvrant homosexuelles, n’en est que plus frappante par cet implicite, cette confusion des sentiments où il faut décrypter ce qui se passe véritablement dans leur attitude, où c’est qui est tu est le plus douloureux, le plus nié, le plus refoulé, jusqu’à l’éclatement, à une période historique où la guerre et la déportation grondent. Sans être inoubliable, Les désirs flous est intéressant pour le récit de cette relation cachée, jamais explicitée même par les intéressées, tel que cela devait l’être à l’époque en Hollande où les relations homosexuelles étaient cachées et honteuses. Et l’implicite confère au livre une certaine poésie, tout comme le refus des héroïnes, le déni, évoque clairement les interrogations qu’on se pose en se découvrant LGBT. Une autre belle publication de la maison d’édition du Typhon, en tout cas.

Série Z – J.M. Erre

Félix Zac n’est bon qu’à une chose : regarder des films de série z et en parler sur son blog, vivant aux crochets de sa femme. Quand on lui offre la possibilité de réaliser son propre film, il saute sur l’occasion… sauf que quelqu’un suit son script à la lettre en assassinant les patients d’une maison de retraite destinée aux acteurs et actrices des films de série z. Enquête policière, mais surtout satire et parodie du genre de la série z, l’auteur mêle les codes du genre, des rebondissements et de l’humour pour créer son histoire. Je n’ai pas vraiment vu des films de ce genre, même si j’en connais quelques clichés, et je suis donc un peu passée à côté du roman, bien que j’apprécie beaucoup l’auteur pour son sens de l’humour et ses précédents livres. Il n’en demeure pas moins un sacré travail d’écriture, pour écrire tout du long avec humour et en se réappropriant tous les clichés des séries z !

Un éclat de givre – Estelle Faye

Je parlais d’Estelle Faye dans le Tag des dix autrices incontournables de l’imaginaire, car après avoir vu passer de nombreuses critiques ou plusieurs synopsis de ses romans, j’avais vraiment envie de découvrir sa plume. C’est chose faite en 2022, avec finalement Un éclat de givre, dont j’avais entendu parler en (grand) bien. Paris est devenue une ville-monstre labyrinthique, entre immeubles d’autrefois et nouvelles Cours des Miracles. Chet chante du jazz dans diverses boîtes, travesti en femme, mélangeant les identités de genres, mélangeant les amours aussi. Et sa vie déjà rocambolesque se complique quand on le charge d’aller enquêter sur une nouvelle drogue dans les quartiers.

Un éclat de givre est un de ces romans entraînants qui donnent le tournis, qui virevolte d’un rebondissement et d’un lieu à l’autre, en compagnie d’un des meilleurs personnages qui soit : parfois looser, parfois héros, parfois égoïste, parfois romantique, parfois complètement fou et extravagant. La musique de jazz hante aussi le roman, donnant un tout autre rythme à cette intrigue qui se dévore en quelques jours. Quel charme ! Et Chet est un de ces personnages qui dérangent, avant qu’on finisse par se laisser séduire et par l’adorer. Un excellent roman doté d’un bel univers, enthousiasmant, où le voyage et le guide en valent largement la peine. Que cela fait du bien, de se laisser ainsi embarquer dans une telle ambiance, sans voir les pages défiler !

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Que reste-t-il de l’année 2022, niveau coups de cœur littéraires ? Avec le recul, j’ai presque l’impression de ne pas avoir été marquée par de très grands coups de cœur, comme si j’avais enchaîné les lectures moyennes et bonnes, sans qu’aucune ne se démarque. Pourtant, en relisant les diverses chroniques des mois passés, voici les favoris qui ressortent :

DIE, tomes 3 et 4 – Une superbe conclusion par Stéphanie Hans et Kieron Gillen pour cette série de comics dont plusieurs citations me resteront en tête, où le jeu de rôle devient la catharsis de la psychologie et des buts de chaque personnage, où l’on se rend compte d’à quel point la fiction et l’imaginaire sont précieux dans une vie ;

Felix Ever After – Roman Young Adult de Kacen Callender, sans aucun doute, mais diablement enthousiasmant et positif sur le fait d’être transgenre, de ne pas avoir une identité de genre figée à l’absolu dans le temps, et pour tous les autres thèmes LGBT+ abordés ;

Émergence 7 – Un roman graphique co-écrit et co-dessiné par Vincent Mondiot et Enora Saby, un récit du passage de l’enfance vers l’âge adulte, avec justesse, émotion et introspection, où les images épousent le texte à la perfection ;

Les fureurs invisibles du coeur – Un autre roman de John Boyne, se passant sur plusieurs décennies, retraçant le fait d’être fille-mère ou homosexuel en Irlande sur plusieurs générations : un roman où on voit le héros grandir et évoluer avec émotion, en s’attachant particulièrement à lui, en ayant, à la fin, l’impression de faire partie de sa famille ;

Et même s’il est trop récent pour parler d’un réel coup de coeur, Un éclat de givre d’Estelle Faye porte en lui assez d’enthousiasme, de cœur, d’âme et d’extraordinaire pour le rajouter aux favoris de l’année 2022.

Cette année 2023, je participerai à un challenge littéraire assez populaire : 12 livres coups de coeur recommandés par douze ami(e)s. Qu’ils proviennent d’ami(e)s IRL, d’ami(e)s blogueurs ou de connaissances Twitter, le panel est varié ! Et j’ai hâte de découvrir ces recommandations dont, par chance, certaines coïncident avec des achats de plusieurs mois ou à des titres que j’ai envie de découvrir depuis longtemps.

Enfin, peut-être que cette année sera l’occasion de revoir la forme des bilans de lectures du mois passé, peut-être en me tournant vers le concept « C’est le 1er, je balance tout ! » initié il y a bien longtemps par le blog Allez vous faire lire, repris depuis sur plusieurs blogs littéraires. L’intérêt étant de ne plus systématiquement chroniquer toutes mes lectures (devenues moins nombreuses, pour un exercice parfois fastidieux) mais d’en garder le meilleur (ou le pire) dans des articles spécifiques ou seulement en bilan du mois. Et surtout de pouvoir vous recommander, ici et là, des découvertes de blogs, vidéos, musiques ou autre, dans un sens de partage plus prononcé. Bonne année 2023, avec retard !

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