Quelques films de février 2014

La voleuse de livres

Ou la vie quotidienne d’Allemands sous la Seconde guerre mondiale, avec en narrateurs une fillette apprenant à lire et écrire, et la Mort. L’adaptation de la Voleuse de livres était quelque chose que j’attendais depuis longtemps. Ce livre a accompagné mon adolescence, et je l’ai relu peu avant le film, lui trouvant toujours une certaine force et émotion. Que peut-on dire alors sur son passage au cinéma ? Le résultat en est plutôt bon. On trouve certes des moments lisses, une noirceur atténuée (nous n’aurons pas les « rêves/hallucinations » de Liesel sur son frère, ou les combats imaginaires de Max contre Hitler, une Mort toujours « narrateur » mais plus soft dans ce qu’elle dit) sans doute parce que le film se destine après tout, au grand public. Mais je l’ai beaucoup aimé, même si c’est la fin a qui fait décidément pencher mon avis, tant elle est parfaitement celle du livre. L’atmosphère est peut-être trop joliment rendue, mais les relations entre personnages sont intactes, et l’espoir et l’humanité aussi. Et on retrouve la couleur du ciel non pas dans les mots de la Mort mais dans plans sur des cieux magnifiques…ce n’est pas totalement parfait, mais les acteurs y font justice, et le tout est très agréable.

La belle et la bête

Ce film était aussi attendu depuis longtemps. S’il se révèle au final superbe et empreint d’un véritable identité visuelle (bon nombre de scènes sont dignes de tableaux, et que dire des costumes !!) il est tout de même relativement creux…On ressent une déception de ne pas voir davantage la Bête ou sa relation naissante avec Belle. Je regrette aussi beaucoup l’omniprésence d’explications qui efface donc toute poésie et tout onirisme, tout charme propre aux contes…la scène où par exemple on apprend qui est la première femme de la Bête, aurait pu largement se passer de la moindre parole tant elle est signifiante et n’a besoin d’aucun dialogue pour être comprise, au contre ! Dialogues qui d’ailleurs pêchent un peu, non seulement pour cette explicitation permanente, mais aussi pour quelques passages où les scènes font décalées, enfantines ou à la limite juste du ridicule…Il ne manquait pourtant pas grand-chose pour que cela ait un vrai souffle, surtout avec une ambiance aussi soignée.

Nymphomaniac

Je n’avais jamais eu l’occasion de croiser les films de Lars Van Trier jusque-là et j’ai donc profité de sa dernière réalisation pour rectifier cela. Une nette odeur de souffre a accompagné ces films, et je dirais bien plus par provocation gratuite, qu’autre chose. Certes, je n’ai vu que le premier volume, mais de ce qui est qualifiée comme une oeuvre pornographique m’apparaît davantage comme la quête identitaire d’une femme qui a des rapports aux autres, différents de la norme. Joe s’est déclarée nymphomane depuis toujours, et est retrouvée par un vieil homme gisant dans une rue. Il l’amène chez lui, la soigne. Elle raconte son parcours en huit chapitres, rebondissant à chaque fois (de façon un peu trop artificielle peut-être) sur un objet présent dans la chambre pour commencer ses chapitres. On découvre ainsi sa vie au fur et à mesure. Certains chapitres sont plus bouleversants que d’autres, plus marquants en tout cas (mention à celui où Uma Thurman apparaît en image de mère blessée et trompée par son mari amant de Joe, confrontant les deux figures de la femme dans la société actuelle, la traditionnelle et l’exclue) – et chacun révèle une poésie ou une ambiance différente, et à quel point Joe vit en marge du monde, toujours différente de toutes. J’espère avoir l’occasion de voir le volume 2, censé être plus philosophique, pour terminer cette histoire sur cette femme en quête d’elle-même, cette femme qui se déclare directement mauvaise et cruelle, ce qui n’est pas l’avis de celui qui l’écoute. Il faut noter que la version distribuée au cinéma est censurée et coupée, avec non pas l’approbation du réalisateur, mais sa permission ; la version director’s cut dure 5h30 environ.

Rusalka Renee Fleming

Le dernier opéra vu au cinéma fut transmis par le MET : Rusalka, ou une relecture tragique et féérique à la fois du conte de la petite sirène. Le premier acte est féérique, en effet : la fille du Gnome des Eaux souhaite devenir humaine afin de rencontrer et aimer l’homme qui se baigne chaque jour dans ses eaux (puisqu’elle est une rivière –>). Elle va pour cela demander de l’aide à une vieille sorcière qui la rend humaine, en échange de sa voix. Mais en effectuant ce choix elle se sépare à jamais de sa famille de nymphes et s’expose à un terrible sort, si le Prince ne répond pas à son amour. Humaine, le Prince tombe sous son charme muet. Mais dès l’acte II, ce dernier se montre plus réticent face à cette beauté froide et rêveuse qu’il peine à comprendre, et se retrouve séduit par une Princesse étrangère venue chez lui. On voit alors la lutte entre la nature humaine et la nature de l’eau ; comment ces deux entités ne peuvent complètement se comprendre ni même se reconnaître, par des essences trop opposées. Rusalka se montre désespérée et abandonnée ; dans l’Acte III, sommée par la sorcière de tuer son « amant » pour redevenir nymphe, elle refuse et se condamne à devenir un esprit marin hantant les eaux, et qui tuera d’un baiser le Prince revenu à la raison. Relecture poétique, magnifique, enjouée et surnaturelle par la musique de Dvorak,  l’histoire m’a en tout cas charmée et touchée même si ce n’est pas un coup de coeur, surtout par cette lutte entre les natures d’humanité et d’esprit surnaturel.

« Another’s charm has captured him,
Passionate human beauty –
Stranger am I again to him,
Rusalka from the waters!”
(…)
To say that you wished to be human
To impress him with your passion!
You’re just an empty water bubble
A lunar, pallid good-for-nothing!
Go then and suffer through all ages – Dry up in longing for your man!”


16 réflexions sur “Quelques films de février 2014

  1. Ah, on peut dire que nous avons tout à fait le même avis concernant La Belle et la Bête de C.Gans… ! J’attendais vraiment ce film avec le secret espoir d’y trouver quelque chose de novateur. Tout d’abord, comme tu l’as très bien expliqué, il est dommage, tellement dommage de s’être étalé en dialogues sur les scènes concernant la vie passée du Prince/de la Bête… Tout cela m’a paru étrangement creux, comme si le réalisateur était mal à l’aise avec son sujet, comme si, sous couvert de film « grand public », il se sentait contraint de disséquer des choses qui étaient, ma foi, plutôt inutiles à disséquer. Du coup, il est passé à côté de son sujet, de l’essentiel, c’est-à-dire de l’interaction de Belle avec la Bête. Tout paraît tellement superficiel, peu spontané. Lorsqu’elle avoue l’aimer dans les scènes finales, on en vient vraiment à se demander comment elle a pu en arriver là… Sinon, je reconnais un esthétisme vraiment irréprochable, des effets spéciaux vraiment très bons. Mais il manque l’essentiel : le souffle romantique et onirique du conte.

    Quant à the Book Thief, qui est sur ma pile de livres à lire depuis des lustres, je vais vraiment tâcher de m’y mettre ! Je suis passé un peu à côté du film, mais je vais essayer de combler cette lacune !
    Pareil pour Lars Von Trier, j’ai vu Dancer in the dark il y a longtemps, et à part trouver cela « ovniesque » au possible, je n’ai plus jamais rien tenté du réalisateur. Je ne suis pas certaine d’apprécier le contexte de son dernier opus… ^_^

    Ah, le MET et ses merveilleuses diffusions ! Je ne connaissais pas du tout cet opéra de Dvoràk, mais cela donne envie d’en apprendre davantage !

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    1. Oui, je te comprends tout à fait! La Belle et la Bête était attendu mais ce fut tout de même un peu une déception. Il a un vrai scénario en creux ou trop explicite…disséquer, dans les contes, gâche la magie et tout le symbolisme, c’est vraiment dommage. Alors que ça aurait pu donner quelque chose de très bien ! Mais bon…ça manque. Je suis bien de ton avis. L’évolution des relations entre les deux protagonistes n’est du tout distincte et on y croit peu…C’est dommage, vraiment.
      Je te conseille davantage the Book Thief en livre, qu’en film : la façon de narrer est assez originale ! Le film est une bonne adaptation, mais il manque pas mal de choses. Mais le film est honnête et doux. Je suis vraiment contente de ce qu’ils en ont fait, même si ce n’est pas parfait.
      Je n’ai jamais vu Dancer in the dark…j’avoue que je voudrais bien voir un peu plus quelques autres films de lui, notamment l’avant-dernier, Melancholia, mais Lars Van Trier a l’air de toujours aborder des sujets choquants ou difficiles. Le dernier n’est pas forcément le plus.
      Quant à Rusalka, très bel opéra…la langue tchèque est admirable (mais je suis de parti pris, j’adore la ville de Prague !) et donne des sonorités étranges parfois, mais bien belles. Du coup, si j’ai bien compris, tu vas voir Werther le 15 ? Tu m’en diras des nouvelles !

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  2. Ouiii, je vais voir Werther le 15, et je suis toute enthousiaste à cette idée, parce que je suis véritablement tombée amoureuse de cet opéra, et du couple Kaufmann/Koch dans les rôles principaux ! Quelle force et quelle flamme… Je suis suppose que tu vas le voir également ?

    Quant à la Voleuse de livres, je note bien, et je remonte le roman sur le dessus de ma vertigineuse pile de livres en attente !

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    1. Je serai dans l’impossibilité de le voir, mais je tâcherai de me rattraper d’une façon ou d’une autre. Et tu me raconteras, du coup ! Je comprends que tu sois tombée amoureuse de cet opéra, il est magnifique, et puis Kaufmann, après tout <3. Par ailleurs, son Faust (qui date du MET 2011) sort ce mois-ci, peut-être t'intéressera-t-il aussi ! C'est là que je l'ai découvert, et il était aussi sublime…

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      1. Ah, dommage que tu ne puisses assister à la diffusion le 15… Je te raconterai, promis 😉
        Ouiiii, j’ai vu sur amazon que le dvd de Faust du MET sortait aux alentours du 25 mars ! Je l’ai repéré, et comme tu l’as bien deviné, il me tente énormément. Je pense d’ailleurs céder sans trop d’embarras à la tentation ! Et puis, comme tu le dis, Kaufmann, c’est Kaufmann… ^_^
        Toujours au sujet de Werther, voici un lien vers une interview sur son rôle, et sur la manière dont il l’a décrypté, ô combien éclairante, et qui donne diablement envie de revoir l’opéra une énième fois, mais aussi de resortir son exemplaire de Goethe :

        http://www.youtube.com/watch?v=XVKL3epThEE (partie 1)

        http://www.youtube.com/watch?v=FHuBJ2Wy5FM (partie 2)

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      2. A priori, ça a dû être très beau ^^
        Je crois même que le dvd est déjà sorti…j’en garde un très bon souvenir de cet opéra, je pense que ça te plaira et que tu apprécieras…René Pape en Méphisto, c’était aussi quelque chose, même si j’ai moins apprécié la Marguerite du spectacle. Quant à Kaufmann, c’était la première fois que je le voyais, j’en ai été émerveillée !!
        Merci pour les deux liens sur Kaufmann (je suis en retard certes, je suis partie deux semaines en vacances…) mais son interview est vraiment passionnante et on voit à quel point il a réfléchi sur le personnage, et de façon vraiment intense ! (j’avais vu une interview de Beatrice Uria-Monzon sur Carmen, en 30 min elle ne disait pas un quart de choses aussi intéressantes de ce que lui dit)…il intellectualise vraiment et ça donne envie. Quant au roman, j’ai hâte de le commencer, tout simplement ! J’aime beaucoup la façon dont il considère Werther, comme un personnage romantique et presque pathétique. On sent l’essence pré-frollienne… ^^

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      3. Tout à fait, les quelques interviews de Jonas Kaufmann sur ce personnage sont absolument passionnantes, car il est indéniable qu’il a énormément lu, ressassé, analysé les choses sous tous les angles. Quand on compare par exemple le Werther d’Alagna, très échevelé et romantique, (de la version de Turin) avec le sien, il est clair que Kaufmann penche nettement du côté de la névrose (encore, oui, mais force est de reconnaître que cela lui réussit plutôt bien…!). Il campe un personnage très dramatique, surtout très mal dans sa peau, qui de la première minute de l’opéra jusqu’à la fin, ne cesse de sombrer. Avant de rencontrer Charlotte, son Werther est déjà un personnage visiblement en détresse. La jeune femme devient tout à coup la chose à laquelle il parvient à se raccrocher désespérément à la vie. Ce n’est pas l’impossibilité de son amour qui exacerbe son mal-être, mais uniquement la perte de son absolu. En tout cas, c’est ainsi que j’ai perçu… Et comme tu le dis si bien, on sent l’essence pré-frollienne, tout à fait, tout à fait !!!

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      4. Je crois que Kaufmann a beaucoup tendance à faire virer ses personnages vers la névrose ou l’intériorisation : ses José, Faust, Werther, semblent pencher vers ce cas…je pourrais aussi coter son Parsifal qui est pas mal intérieur aussi. Il n’y a pas à dire, il réfléchit, cet homme, et il fait bien ! En même temps ça doit être une de ses caractéristiques de jeux et tant que cela marche, ma foi…c’est très bien ^^ La description que tu en fais est passionnante, alors n’hésite pas à faire un article dessus, je le lirai avec grand plaisir, vraiment ! Le portrait qu’il fait du personnage semble vraiment passionnant. Pauvre Charlotte, d’être tombée dans l’admiration d’un tel homme, mais elle ne l’a sans doute guère cherché. C’est fascinant….

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  3. Ouiii, Werther est un personnage passionnant, surtout quand il est campé par Kaufmann… Je prépare un petit (grand ?) article sur le sujet, il me faut juste un peu de temps pour m’y mettre sérieusement… Tu parles de Parsifal, dont j’ai vu justement un extrait sur youtube il y a peu, et j’ai un peu peur de m’y risquer, car d’ordinaire j’ai énormément de mal avec les opéras de Wagner… Mais ce que tu en dis me donne tellement envie, maintenant… ^_^
    Quant à Faust, version MET avec René Pape, et ce cher Jonas, j’en ai achevé le visionnage hier, c’était splendide, malgré des décors et des choix scéniques assez bizarroïdes…

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    1. J’aurais hâte de lire ton article, ça m’intrigue beaucoup ^^ je serais ravie de le découvrir en tout cas. Alors euh Parsifal….euh…comment dire…honnêtement je l’ai vu au cinéma en Hongrie lors de la retransmission et je n’ai aimé que le 2e acte, le 1er et 3e étant longs, monolithiques, etc….alors si tu veux voir juste le 2e sur Youtube, ça suffira amplement pour le jeu de Kaufmann crois moi, car c’était à mon avis la scène la plus intéressante (quoiqu’assez lourde psychologiquement, mais belle au niveau de la mise en scène). Ce n’est pas que je n’ai rien compris à l’histoire, mais c’était tellement encombré de références, de mysticisme, que j’ai eu du mal, alors que par contre j’ai beaucoup aimé la Walkyrie et le Crépuscule des Dieux…Wagner est un titan, c’est vrai.
      J’avais beaucoup aimé ce Faust, et apprécié justement le changement de mise en scène passée en 1945, même si j’avais été un peu déçue par celui choisi pour la scène finale. Mais ces chanteurs…**

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      1. Bon, je prends note pour Parsifal… ^_^ C’est bien ce dont tu parles qui me fait peur : la lourdeur, le monolithisme. Je trouve déjà que la musique de Wagner n’est pas si facile d’accès, alors si en plus on ajoute des connotations difficiles à appréhender, j’aurais plutôt envie d’y aller à reculons… Je vais suivre ton avis et me contenter de l’acte 2 sur youtube… (n’est-ce pas celui où Parsifal patauge dans un espèce de gigantesque pédiluve rempli de sang ? 😛 *cri d’horreur*)

        Quant à Faust, c’était vraiment sublime, malgré le choix de mise en scène. J’avais un peu peur au début d’être rebutée par cet esthétisme très froid, mais au final, cela passe merveilleusement. Et le trio final Faust/Méphisto/Marguerite m’a donné des frissons. J’étais très agréablement étonnée par la très belle alchimie entre les deux personnages masculins Faust/Méphisto, qui m’a fait sourire plus d’une fois. C’était un bel exploit, vu le contexte…!

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      2. Oui, Parsifal avec toutes ces connotations religieuses, au Graal, à l’histoire trouble, c’était assez lourd et difficile vu que je ne m’y connaissais pas. Et ça pèse beaucoup parce que ça fait beaucoup de références peu compréhensibles au final….l’acte 2 est effectivement celui où Parsifal patauge dans le sang (en pyjama bleu limite —>) et où il essaye d’échapper à la femme-démon…c’est assez lourd aussi psychologiquement (la relation avec la femme-démon est….très freudienne dirons nous), mais c’était le seul moment de l’opéra auquel j’ai vraiment trouvé un intérêt et une belle mise en scène. (et du rythme aussi…)

        Oui, au final les décors de Faust passe vraiment bien, et ils ont fait un parallèle très intéressant entre Faust et Méphistophélès, et pas dénué de sens, ce qui se ressent aussi avec l’alchimie ! Ca a été vraiment un beau spectacle dont je ne garde que des bons souvenirs, même si on n’en ressort pas forcément optimiste.

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  4. Eh bien, rien que pour la bizarrerie psychologique et symbolique, Parsifal me tente bien, tiens… même si je suis certaine de louper les trois-quarts des références 😛

    Il y a une complicité très surprenante entre Faust et Méphisto… La façon qu’ils ont notamment de se faire des petits signes de tête au sujet de Marguerite, qui sont vraiment comiques (dans la scène qui suit l’air des bijoux)… C’est le genre de détails qui parvient à « dé-noircir » les premiers actes de l’opéra, qui sur la suite est tout de même très lourd, lui aussi… Comme tu le dis, on n’en ressort pas très optimistes… ^_^

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    1. J’en ai loupé les trois quarts aussi, tu sais ! Mais je pense qu’une mise en scène monolithique n’aide guère…
      Totalement, dans cette version ce sont presque des doubles…notamment pour le moment que tu cites, et qui parfois tirent un sourire..comment as-tu interprété la fin au fait ?

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      1. La fin… oui, effectivement, ce n’est pas une fin banale pour Faust. Il semble que le Faust âgé des premières scènes n’ait fait que rêver son pacte avec le diable… Un dernier sursaut d’ambition et de vanité, avant d’en finir ? Si a priori ce Faust porte bien en lui une lourde responsabilité sur une probable tragédie humaine (le scientifique qui fut partie prenante dans la création d’une bombe d’extermination massive…), on comprend peut-être mieux son dégoût de lui-même, et sa réflexion sur ses espérances de jeunesse bafouées. En invoquant le diable, il invoque une jeunesse et des sentiments perdus. Ces remords sont moins compréhensibles dans le Faust originel, où les enjeux et la culpabilité paraissent moins insupportables. Le Faust de cette version se dit : voici la jeunesse, et donc le moyen de faire prendre à ma vie ratée une signification moins funeste… Sur le coup, c’est plutôt raté… 😛
        Je me dis d’un côté que c’est simplement un rêve des dernières heures, entièrement inventé par l’esprit de Faust aux prises avec ses remords… La boucle est bouclée lorsque l’esprit lui revient alors qu’il avale le poison, et s’écroule. En tout cas, j’ai trouvé cette conclusion pour le moins originale, même si on perd sans doute un peu au passage l’essence goethéenne…
        Et toi, comment as-tu interprété cette fin ?

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      2. Je crois qu’il y avait eu ces deux explications possibles, en effet…soit un rêve de ce qui pourrait advenir, une illusion, soit un retour sur le passé…il me semble que je l’avais pour ma part interprété comme toi, un rêve qu’il finit par choisir de ne pas réaliser en considérant tout le mal qui en advient. C’est loin de Goethe c’est vrai, mais c’est plutôt intéressant…Il a en tout cas en effet une grosse responsabilité puisque je suppose qu’il a fait partie des créateurs de la bombe qu’on voit à un moment, en effet. Et du coup, toute sa vie le dégoûte et même sa jeunesse, ses espoirs, ne sont au final guère mieux. Sa destinée est tragique dans chaque chemin ! Et il préfère avaler le poison, il n’y a rien à sauver.

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