La Licorne captive – Daniel Lavoie & Laurent Guardo (14/10/14)

Bien que ce soit avec retard, ce serait certes terrible de ne pas dire quelques mots sur le concert de la Licorne Captive qui a eu lieu à Paris le mois dernier. Cependant, le concert était en lui-même un tel OVNI, qu’il paraît difficile de mettre quelques mots dessus.

Comme disait Daniel Lavoie lors de la présentation, c’est peut-être la « première et dernière mondiale » de ce concert. A juste titre. Qui pourrait penser que cela puisse marcher, la voix d’un chanteur tel que lui, qui accompagne les mots et les mélodies écrits par Laurent Guardo, le compositeur québécois à l’origine du projet depuis dix ans, et dont les musiques proviennent toutes d’instruments anciens comme la viole de gambe, le luth ou un gong tibétain ? Quoiqu’il en soit, le charme est là, et marche de manière fascinante. Ce sont des contes qui sont revisités, présentés avec humour par Lavoie, soit sur leur origine, soit par un simple texte d’introduction qu’il a écrit lui-même, comme il l’a fait pour ses propres chansons auparavant.

Et c’est difficile de décrire ce qui est ressenti. L’écoute du CD est déjà magique et transporte vers des univers lointains, des mythes et des légendes grecs et québécois, des figures mythiques comme Ophélie, des textes de Rimbaud, et ceux écrits par Laurent Guardo. Le tout fait pour nous plonger dans une époque qui semble lointaine et ancienne, par les instruments qui vivent, vibrent littéralement dans la petite salle de concert. On est envoûté et fasciné tant par ces sons venus d’un autre temps et pourtant magiques, que par les voix de Daniel Lavoie et de la soprano Mélisandre Corriveau, voix aux timbres si différents. Et qui pourtant, comme tout l’ensemble des jeunes musiciennes, qu’on voit parfois stressées (comme Lavoie qui se trompe parfois dans les paroles), parviennent à nous toucher, nous transporter ailleurs pendant un long moment. C’est un temps indéfini vers lequel on se perd pendant plus d’une heure et demie, et qui en met autant plein les oreilles que les yeux. Il n’y a pas d’autres mots que magique, envoûtant ou inspirant pour décrire ce concert, avec des voix sublimes et ces instruments qui nous emmènent loin ou évoquent par leurs sonorités mêmes les termes des chansons. Certaines ressortent plus que d’autres, mais le tout est indéniablement sublime, original. OVNI oui. Mais un OVNI qu’on réécoutera sans se lasser. Quant aux bis de retour laissés par la troupe, inattendus et pourtant aussi superbes, on ne peut que regretter qu’ils ne soient pas eux aussi enregistrés, tant ils valent eux aussi le détour et ajoutent encore un grain de magie.

Puisse le troupe avoir de nombreux autres concerts à venir, pour un projet qui mérite amplement d’être plus connu. Et je ne peux que vous conseiller d’aller écouter le CD, ou découvrir une des chansons les plus marquantes avec cette vidéo-ci, reflétant l’état d’esprit attentif du public et l’étrangeté magique de la Licorne Captive.