Bates Motel – A&E Series

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Bates Motel est une série qui semble plutôt sous-estimée et non appréciée à sa juste valeur. J’en avais moi-même entendu parler, au début du lancement de la saison 1, avec simplement l’explication « les années de jeunesse du tueur de Psychose« . J’ai mis finalement longtemps à m’y mettre, la saison 2 étant sortie entre-temps, et la saison 3 commençant en mars prochain. D’ailleurs, en commençant la saison 1, je n’avais toujours pas vu Psychose, n’ayant jamais vu d’Hitchcock que Rebecca, Les Oiseaux et Frenzy. Je ne suis pas vraiment une fan de ce réalisateur, ni de ses thrillers, ayant vu Frenzy beaucoup trop tôt, notamment, ce qui m’a assez dégoûtée de l’envie de voir les autres films « classiques » du cinéaste.

Après la mort mystérieuse de son mari, Norma Bates décide de refaire sa vie loin de l’Arizona, dans la petite ville de White Pine Bay dans l’Oregon, et emmène avec elle son fils Norman, âgé de 17 ans, avec qui elle partage une relation fusionnelle compliquée.

Je n’ai donc pas vraiment commencé par le commencement, et n’ayant qu’une connaissance globale du film Psychose. Et cela ne m’a cependant pas empêchée d’accrocher extrêmement vite à la série, au bout de deux épisodes. Ceux-ci ayant la mauvaise habitude de finir sur des cliffhangers, pas étonnant qu’elle ait donc un certain pouvoir d’addiction. Cependant, il y a une pression, une tension littéralement palpables dans cette série, parfaitement dignes du titre du film original, qui pousse aussi à l’envoûtement et à vouloir continuer l’histoire. La saison 1 se révèle particulièrement angoissante et tendue, toujours prise dans un étau noir de suspense, de meurtres, de scènes de folie ou de paix irréelles, le tout dans une ville où on comprend vite qu’il n’y a pas que que la relation entre Norma et Norman Bates qui peut être qualifiée de délétère et empoisonnée. Il y a d’autres âmes sombres que ces deux-là dans la ville où se passe l’adolescence du futur tueur de Psychose. La saison 2 semble parfois bénéficier de quelques bouffées d’air, mais au final, le huis-clos ne fait jamais que se resserrer…

La série s’inspire, d’après ce que j’ai compris, du film original, mais aussi du livre de Robert Bloch à la source de celui-ci (une lecture rapide qui a montré que pour une fois, une adaptation peut extraire le meilleur et surpasser un livre), ainsi que sans des différents films et séquelles s’étant déroulés autour de Psychose (le 2 et 3 mettant à nouveau en scène Anthony Perkins, 20 ans après sa sortie de prison, dans des histoires possibles mais peu à la hauteur du premier volet). Mais elle réinvente aussi totalement cet univers, puisque la série s’ancre totalement dans notre quotidien actuel, changeant du milieu des années 60. Ce décalage temporel peut certes perturber, mais après tout, on a bien commencé certaines séries dans cette veine, comme Sherlock ou Hannibal, avec ce parti pris. Et c’est finalement assez réussi, car on se laisse prendre très vite à l’histoire et au jeu des différents acteurs.468015-bates-motel-bates-motel

Les plus impressionnants sont bien entendu Freddie Highmore (Norman) et Vera Farmiga (Norma), dont l’étendue du jeu paraît sans limites : mélancolie, tristesse, sentiments du quotidien, colère, folie, tendresse, protection…. Toute une palette d’émotions passe par ces personnages indéniablement dérangés, extrêmes, victimes et bourreaux, et dont la relation fusionnelle annonce le futur Psychose, avec déjà un lourd passé qui ne peut manquer de les mener à la folie. Une folie intérieure qui s’exprime autant par les actes, que les cris, ou les scènes d’hallucination, ou les paroles soignées. Les scénarios ne démontrent pas de faiblesses, permettant plusieurs rebondissements aussi bien que plusieurs allusions au film d’Hitchcock, que j’ai fini par voir à la fin de la saison 1, tout en gardant sa part d’originalité propre. Ainsi, on voit apparaître le frère de Norman, Dylan, les deux amies de Norman, Emma et Bradley, ou encore le shérif Alex Romero, dont le jeu est lui aussi impressionnant, toute en impassibilité et fermeté de roc.

Bien sûr, on comprend peu à peu comment Norman Bates devient ce qu’il est, et comment sa mère a pu réussir à avoir une telle emprise sur lui, à la limite de l’inceste. La relation entre les deux est dérangeante, troublante dans sa force. « Everything but us is the enemy » est une réplique qu’on pourrait leur donner. Et pourtant, on s’attache un peu, d’une certaine façon, à ce futur tueur en série, à sa mère dérangée par trop d’épreuves, on espère qu’ils s’en sortent au milieu de tous les travers qu’ils rencontrent, ces personnages tourmentés dont la fin ne saura que être mauvaise. lls ont une certaine humanité qui ressort et qui fait qu’on aimerait bien que Psychose n’arrive pas, en fait. C’est là aussi ce que Hitchcock avait réussi à faire avec son film : faire en sorte que le spectateur s’attache au personnage de Norman Bates, bien qu’il soit un peu bizarre, avant de révéler qui il était vraiment. Cette série réussit à faire la même impression, et c’est pourquoi on parvient quand même à continuer le visionnage, en dépit de la folie et de la pression ambiante des épisodes. Réalisation soignée, casting impeccable, des dialogues réfléchis, une mise en scène froide et belle à la fois, un respect certain des lieux et des personnages de Psychose – j’ignore si c’est tourné au même endroit, mais le motel et la maison Bates sont identiques à ceux du film – et un scénario qui se permet cependant de se réinventer, sans faire honte au film d’origine. Tout comme Freddie Highmore, sortant de son registre habituel, parvient à faire un portrait crédible et fidèle de celui qui deviendra le deuxième tueur en série le plus « apprécié » après Hannibal Lecter.

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Un coup de coeur, qui ne plaira pas aux âmes trop sensibles à la vue du sang et aux relations dérangées et dérangeantes, mais une série qui vaut le détour. Reste à voir combien de saisons il est encore possible d’accorder avant que les événements de Psychose n’adviennent…A voir aussi, la vidéo des auditions des acteurs principaux.

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5 réflexions sur “Bates Motel – A&E Series

  1. Hello ! Ton résumé et ton avis sur cette série sont vraiment très intéressants… Grâce à quelques extraits, on perçoit bien à quel point la relation entre le jeune Norman Bates et sa mère est asphyxiante, délétère… C’est d’ailleurs visiblement le point de convergence de cette série avec Psychose, dont on ne ressent au final la relation empoisonnée mère-fils, qu’à travers les comportement déviants de Norman. Psychose étant un film foncièrement dérangeant à l’origine, on imagine bien, dans le contexte moderne, combien cette série doit avoir appuyé sur cet aspect. En tout cas, cela me donne vraiment très envie de m’y intéresser !

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    1. Oui, je pense qu’on ira vers le paroxysme de cette relation étouffante entre les deux au final de la série ! En tout cas, pour l’instant, c’est déjà pas mal complexe et violent, donc il faudra voir la suite…et il y a vraiment pas de clins d’oeil et de tension venant de Pyschose, donc on ressent tout cela vraiment, surtout avec le contexte moderne. Ca reste dérangeant, mais je le conseille honnêtement, c’est vraiment bien joué et bien tourné, et je ne m’attendais pas à être happée comme ça ^^’

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  2. ah! je vais m’empresser de regarder cette série 🙂 psychose est LE film qui m’a fait découvrir Hitchcock j’en ai vu bien d’autres depuis mais mon préféré reste » l’ombre d’un doute. »

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