Musiques du moment (10) | Hoshi, Blackbriar, The Pretty Reckless, Akira Yamaoka

Pour cet dixième partage de musiques, l’une des dernières chansons entendues dans un jeu vidéo : Calon Lan, la reprise par Tia Kalmaru d’une chanson galloise traditionnelle afin de coller à l’atmosphère macabre de Maid of Sker, inspiré par les légendes du Pays de Galles. Une chanson qui a toute son importance en jeu, et qui offre un aspect envoûtant, spectral, donnant toujours le frisson en même temps qu’un sentiment de beauté mélancolique. Voilà longtemps qu’un folklore traditionnel n’avait pas été aussi bien utilisé dans un jeu d’horreur !

Provenant tout droit de It’s a sin, la reprise de cette chanson du groupe Pet Shop Boys par Years & Years possède une tristesse, une mélancolie douloureuse, qui correspond tout à fait à l’esprit de cette série se déroulant durant les années du sida en Grande-Bretagne. Les paroles n’en sont que plus touchantes et étonnement justes, avec une fragilité mêlée malgré tout de détermination.

Il y avait bel et bien des chansons de Florence + The Machine que je ne connaissais pas, certaines provenant d’une édition vinyl deluxe de l’album How big, how blue, how beautiful. Conductor fait partie de ces trois-là, et quelle beauté, quelle claque que cette chanson, même si je suis encore incapable de mettre exactement les mots sur ce qu’elle m’évoque. C’est typiquement ce genre de chansons qui me pousse à écrire des histoires, parfois. Bien sûr, la chanson mêle plusieurs niveaux de lecture, entre chant, musique, relation amoureuse, en une métaphore poétique qui ne manque ni de douceur, ni d’intensité, portée par la voix toujours aussi envoûtante et planante de la chanteuse.

Dans un tout autre registre, Blackbriar a sorti son premier album, The cause of shipwreck, où rien, rien n’est à jeter (un de ces jours, j’en ferai peut-être une critique). Le rock/métal gothique du groupe est toujours aussi entraînant et mélodieux, avec des paroles toujours bien écrites, mêlant plusieurs thématiques et niveaux de lecture. Parmi les chansons les plus mémorables, Selkie, qui retrace la légende de la créature du même nom, avec un côté à la fois lyrique, presque épopée, et pourtant avec des éclats de guitare et de batterie parfaitement appropriés. Toutes les autres chansons du CD valent le détour, du romantisme de You’re haunting me à l’ironique The Séance, du lyrisme lancinant de Deadly Diminuendo jusqu’aux envolées vocales de Lilith Be Gone.

Un autre coup de coeur pour 25 de The Pretty Reckless, qui en plus d’un clip très léché esthétiquement, propose une chanson avec de notes simplement sublimes. La chanteuse a une voix qui passe de tonalités plus basses à une puissance bien plus aiguë, à laquelle il est bien difficile d’être insensible durant cette chanson… Cette dernière a d’ailleurs tout d’une ambiance « générique de James Bond », entre élégance et envolées lyriques. Et le reste de l’album du groupe est tout aussi bon, même si très différent de 25, dans un style bien plus rock.

Bon, entre Mary Elisabeth McGlynn, Akira Yamaoka et Arkadiusz Reikowski, cela aurait été difficile de ne pas parler de la très belle chanson de fin de The Medium, entre rock et voix planante, dans un mélange toujours aussi bien réussi avec la collaboration de ces trois artistes. Ce ne sera sans doute pas ma favorite, mais elle demeure de très belle qualité, avec un côté paisible, puis progressivement tragique, qui lui permet de trouver toute son intensité.

Dans cette deuxième version du musical Bonnie & Clyde (il existait une première mouture, qui a été améliorée), Picture Show illustre l’enfance puis le passage à l’âge adulte des deux personnages, avec des rêves de gamins pour devenir ensuite des futurs bien moins reluisants. Il s’agit de ma chanson préférée de toute la comédie musicale, mêlant à merveille innocence, joie, et déjà les menaces à venir, avec ce passage des voix enfantines à celles adultes. C’est bien dur de résister à la luminosité du timbre de Laura Osnes et à l’assurance séduisante de la voix de Jeremy Jordan.

Issue également d’un jeu vidéo, Through the Valley (reprise de la chanson de Shawn James) par Ashley Johnson est intimement liée au jeu The Last of Us part II. Mélange de colère, de désespoir, de haine, de tristesse, elle illustre à merveille la descente aux enfers d’Ellie dans la violence et le refus de rédemption, de pardon… tout cela incarné par la doubleuse elle-même. Chaque écoute rend la chanson toujours aussi poignante et triste à la fois.

Qu’est-ce que cela donne quand on joue à Star Wars : Jedi Fallen Order ? Non seulement on tombe sur un jeu qui parvient à raviver la grandeur et l’exploration de cet univers avec une belle histoire, mais en plus on tombe sur les fabuleuses musiques de Stephen Barton et Gordy Haab. Les diverses musiques du jeu respirent l’hommage à John Williams, s’inspirant de ses compositions tout en se renouvelant, offrant des notes de toute beauté qui évoquent l’immensité des planètes parcourues dans le jeu, et tout l’épique d’un récit certes « classique » mais bien mené.

Dernière découverte en date, les chansons d’Hoshi tournent en boucle. Si je ne les apprécie pas toutes, certaines chansons sont entêtantes et restent en mémoire, pour leur énergie, leurs paroles, leur poésie, la force de leur mélodie…L’absolu de Et même après je t’aimerai, l’incertitude de Comment je vais faire, la force désespérée de J’te pardonne, les échos intimistes d’Etoile flippante, le romantisme pathétique de Femme à la mer… Autant de belles mélodies et des mots finement choisis portés par une voix atypique, que je continuerai sans doute à suivre à l’avenir.

Dans un style complètement différent, je suis tombée sur une vidéo mettant en scène les personnages de Six of Crows sur la musique Bang du groupe AJR. Et depuis, impossible de me sortir de la tête cette chanson aux tons si dynamiques et excentriques, avec un côté très punchy, très enjoué en dépit de certaines des paroles. Comme quoi il n’en faut parfois pas plus pour les musiques du moment…

Si je n’ai pas encore trop écouté le nouvel album d’Halsey, j’ai en revanche découvert qu’elle avait ré-imaginé une nouvelle version de Gasoline, une des mes chansons favorites de la chanteuse. Une version fidèle à l’ancienne, mais avec bien plus de puissance dans la voix, plus d’aspérité tout en gardant ce côté très sombre de la chanson, avec une magnifique envolée vocale vers la fin qui a de quoi mettre un frisson.


10 réflexions sur “Musiques du moment (10) | Hoshi, Blackbriar, The Pretty Reckless, Akira Yamaoka

  1. Idem pour moi, jolie découverte que la version de « It’s a Sin » par Years & Years. Je ne l’avais jamais entendue nul part avant ce soir.
    J’adore la version « thelastofus-isée » de « Through the valley » mais, peut-être parce que je n’ai encore jamais joué aux jeux (un jour, j’espère, parce que tout ce que je vois et lis dessus depuis des années me hype profondément), je préfère la version de Shawn James. Que j’écoute en boucle encore et encore.
    Il y a une anecdote à propos de la version enregistrée pour le jeu d’ailleurs (j’ignore si elle est vraie) : Ashley Johnson aurait dû la ré-enregistrer car sa première version était trop « parfaite » et ne correspondait pas à l’état d’esprit et aux tourments d’Ellie au moment où le morceau prendrait sa place dans le jeu.

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    1. C’est vraiment une version très poignante et intense je trouve !
      Et pour ma part, tu vois, j’hésite encore à écouter la version originale de Through the valley, mais il va bien falloir que j’y remédie. J’ignorais totalement cette anecdote tiens ! Comme quoi les sonorités parfaites ne sont pas toujours les bonnes. Mais j’aime aussi ces chansons qui s’offrent d’être parfois plus parlées, plus hesitantes et contenues. Ça colle parfaitement avec cette demande à la doubleuse. Merci de l’anecdote !!

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