The Wicked + The Divine, tome 2 | Et retour sur la traduction française du tome 1

Sans volonté de mettre des spoilers, surtout pour une série de comics en cours, ayant relu le tome 2 de The Wicked + The Divine et découvert la traduction du premier tome en français, voyons voir si la série tient les promesses de son premier volume The Faust Act (traduit en français par Faust Départ).

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The Wicked + The Divine : Fandemonium

Avec ce deuxième volume, on découvre un peu plus l’univers divin de Kieron Gillen, de nouveaux dieux faisant leur apparition, tandis que le mystère reste sur d’autres. Cette fois, l’action se concentre toujours sur qui est le coupable du meurtre ayant condamné Lucifer à la prison, et l’héroïne, Laura, se retrouve de plus en plus mêlée à l’existence des autres dieux et à leurs intrigues.

On a ainsi l’apparition de Inanna, déesse sumérienne de l’amour et de la guerre, qui, à l’inverse de Luci, se trouve incarné dans un corps d’homme ; et également Dionysos, dieu grec du vin, et qui mérite toujours autant les fêtes d’ivresses pour lesquelles il était connu dans l’Antiquité. Ce n’est pas non plus les seuls nouveaux dieux que nous rencontreront, mais pour la suite, je garde le mystère. Il y a également plus d’approfondissement sur Anankè, Baphomet (vu dans le premier tome, un dieu de l’Underground) ou encore Baal, dieu du tonnerre et de la lumière, qui gère le Panthéon en public avec une poigne de fer.

Le deuxième volume est aussi riche en révélations sur la naissance des dieux, sur pourquoi ils n’apparaissent que tous les 90 ans. Fandemonium s’appesantit plus sur les thématiques dont il fait la satire, mais aussi l’éloge. Le titre de ce tome vient en effet de la place très importante que prennent les fans face aux divinités et à leurs concerts (puisque leurs miracles se manifestent par la musique, ainsi que l’inspiration divine qu’ils donnent aux humains par ce biais), notamment avec une sorte de Comic-Con dédié aux diverses divinités. L’ennemi du Panthéon n’est aussi autre que ces fans parfois vengeurs et trop adorateurs, là où la politique, les médias et les hommes aux pouvoirs ne peuvent que s’accommoder de leur présence et faire avec.

D’autre part, ce qui est beaucoup plus palpable dans ce tome, c’est la mythologie du Panthéon voulue par ses auteurs : on se rend vraiment compte que les dieux sont là pour éveiller l’humanité à l’art et à plus de conscience, et que sans eux, l’humanité retomberait dans un état proche de celui de l’animalité. D’où la joie de certains de pouvoir réussir à transmettre un message réel et inspirant, et pour d’autres le fait d’échouer à transmettre une réelle prise de conscience, quand le message reçu par les fans n’est pas celui désiré. Là aussi s’explique le fait que tant de dieux « positifs » que « négatifs » se côtoient comme une bande d’amis qui se retrouvent de temps en temps, et qui sont liés par les amitiés, inimitiés ou amours. C’est aussi cette sorte d’humanité en eux qui séduit, avec un côté enfantin et divin à la fois. Notre héroïne Laura, humaine un peu perdue au milieu d’eux mais aspirant à les rejoindre, ne devient que plus touchante dans sa quête, tout en restant un personnage fort et débrouillard auquel on s’attache vraiment. Elle fait vraiment partie des premiers charmes de cet univers, d’autant qu’elle s’adresse parfois directement au lecteur, de manière légère.

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Les dessins sont, quant à eux, toujours aussi beaux et dans cette ambiance colorée, éclatante, qui retranscrit la dynamique et l’univers « pop » de The Wicked + The Divine. On notera l’usage de couleurs plus violentes et plus fortes, psychédéliques, quand on traverse les bacchanales de Dionyos (aussi positif qu’inquiétant par moments), ou encore l’usage du noir d’encre quand on se trouve dans l’Underground, aux côtés de Baphomet et de Morrigan divinité celtique à trois visages. La diversité culturelle, ethnique et sexuelle est toujours aussi présente dans ce tome, qui finit évidemment sur un cliffhanger digne du premier volume.

Par ailleurs, il m’aura fallu une relecture pour complètement apprécier ce deuxième tome, et aussi savoir un peu plus sur ce qui se passait dans le troisième. Certains rebondissements sont en effet très bienvenus et inattendus, tandis que d’autres passeront pour des clichés prévisibles ou des écueils dont on se demande pourquoi l’idée est venue à l’auteur. Fort heureusement, les événements se passant dans le troisième tome justifient certains du précédent, et empêchent la déception. En somme, Fandemonium tient amplement les promesses de la série et creuse son univers, même si on peut être déstabilisé par certains points-clés.

« I’m not a god. I was delusional to think I was. I was delusional to think I could be. Fuck you, Laura Wilson. Quitter. All I get is calluses? They’ll be the best calluses in the world. I won’t give up on any of them [the gods]. They’re all fucked up, all doomed. If all I can do is help them, I’ll help them. No one gets a happy ending. So I’ll make sure they get the least terrible one possible. »

La traduction française de The Wicked + The Divine

Petit passage inhabituel, mais puisque j’ai pu expérimenter les lectures de The Faust Act en anglais puis en français, j’en profite pour glisser quelques mots sur la traduction d’une langue à l’autre. Globalement, la traduction française est plutôt réussie. Certains jeux de mots sont très bien conservés et le niveau de langage des personnages est bien rendu. Il n’y a pas de grosse erreur, l’exercice étant après tout difficile, et je pense qu’on est autant séduit par ce comics en version française, qu’en anglais. Le rendu est vraiment beau, et poétique, puissant, par moments.

Toutefois, certains choix de traduction ne sont pas toujours assurés, notamment pour le personnage de Laura, qui a une expression caractéristique tout au long des comics « Huh », ou « Nuh-huh ». Cela a été traduit en français par « euh », « okay » et d’autres termes, alors que l’expression propre est typique de son style de personnage et ne peut être remplacée par un équivalent différent à chaque fois.. Baal fait parfois trop poli pour la force cassante et brute qu’il doit être, de même que je ne suis pas certaine que Lucifer séduit aussi immédiatement qu’en anglais par sa façon de parler. Bref, chaque langue a ses particularités, mais The Wicked + The Divine n’est assurément pas une mauvaise traduction, loin de là. Le deuxième tome est prévu en France pour le 15 février 2017.


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